Retour des supporters dans les stades : ce n'est pas le public qui marque un essai... mais un peu quand même

2:33
  • Copié

Chaque jour, Virginie Phulpin livre son regard sur l'actualité sportive. Ce vendredi, elle revient sur l'importance du public sur les résultats des équipes, alors que les supporters peuvent faire leur retour dans les enceintes sportives depuis mercredi dernier sous certaines conditions.

Depuis mercredi dernier, le public peut faire son retour dans les salles de sport et les stades. C'est uniquement le cas avec des jauges très limitées et quand les matches ne sont pas programmés après le couvre-feu. Pour Virginie Phulpin, cette saison à huis clos nous aura au moins appris une chose : l’importance du public.

"Promis, c’est tout sauf de la démagogie. Cette saison vide dans les tribunes nous a permis de comprendre exactement ce que recouvrait l’expression '12e homme'. C’est souvent quand on perd quelque chose qu’on en mesure l’importance. Jusque-là, évidemment, on savait que l’ambiance des tribunes changeait la perception qu’on pouvait avoir d’un match, donnait vie au sport et poussait les acteurs à donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais l’influence réelle du public était finalement difficilement mesurable.

Est-ce que les discours larmoyants des joueuses et des joueurs qui rendaient hommage à leurs supporters en expliquant que sans eux rien n’aurait été possible n’étaient pas un peu exagérés ? Après tout, comme on dit dans le rugby, ce n’est pas le public qui marque un essai. Ah oui ? Vous êtes sûrs ? Le journal Midi Olympique a fait des calculs qui disent à peu près le contraire. Lors de cette saison à huis clos, il y a eu plus de 35 % de victoires à l’extérieur dans le Top 14. Contre 20 % quand le public est présent.

On ne peut pas faire plus parlant. Forcément, sans supporters, domicile et extérieur ne veulent plus dire grand-chose. Et ces chiffres, on les trouve dans tous les sports et dans tous les pays. Les footballeurs du PSG ne nous diront le contraire avec leurs huit défaites au Parc des Princes cette saison.

Maintenant le public peut revenir mais il y a encore des matches programmés après le couvre-feu...

Au départ, je me disais que ce serait quand même fantastique de changer l’horaire de la dernière journée du Top 14 le 5 juin par exemple. Faire jouer les matches à 19 h plutôt qu’à 21 h pour qu’un petit nombre de supporters puissent être présents. Mais au-delà des difficultés avec le diffuseur, c’est vraiment la fausse bonne idée par excellence. Cela avantagerait évidemment les équipes qui reçoivent. Il faut donc oublier ça. Les chiffres dont on vient de parler balaient ces velléités romantiques.

Profitons-en quand même quand c’est possible, comme pour la finale de la Ligue féminine de handball. C’est un match aller-retour donc il y a eu du public à Metz mercredi et il y en aura à Brest dimanche. Le huitième homme peut jouer son rôle équitablement. Elle a eu peu de vertus cette crise sanitaire mais elle a au moins celle de nous aider à mesurer l’importance du public. Attention, il y aura certes des spectateurs à Roland-Garros mais ça ne garantit pas pour autant une victoire française. Si les supporters sont indispensables au sport, ils ne peuvent pas non plus accomplir de miracles..."