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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin s'intéresse au match retour de Ligue des champions qui opposera le PSG au FC Barcelone dans la soirée. Selon elle, il faut arrêter de parler de la "remontada".

Le PSG reçoit le FC Barcelone ce soir en huitième de finale retour de la Ligue des Champions. Les Parisiens vainqueurs quatre buts à un à l’aller au Camp Nou. Pour Virginie Phulpin, au-delà de la qualification, ce serait bien que le PSG nous débarrasse définitivement du mot " remontada.  

Il y a des expressions comme ça, à force de les entendre à toutes les sauces, elles vous donnent de l’urticaire. Au départ, la remontada, c’est juste le pire souvenir de l’histoire du Paris St Germain. En 2017, les Parisiens avaient battu le FC Barcelone quatre à zéro à l’aller avant de perdre 6-1 au retour. Que cette soirée cauchemardesque hante les nuits parisiennes depuis, normal. Qu’elle remonte à la surface aujourd’hui avant un match retour contre le même adversaire, normal aussi. Comme dit le capitaine parisien Marquinhos, il y a des cicatrices qui ne guérissent pas.

Mais ce mot est devenu le symbole de l’affront ultime, on l’utilise à tort et à travers, dans tous les domaines, même les politiques s’y mettent, si bien qu’il me sort par les yeux. La remontada est quand même entrée dans le dictionnaire cette année. C’est peut-être parce que les Français ont un sens de l’autodérision supérieur, mais avouez que l’on n’est pas rancunier.

Surtout que si on remonte à l’origine du mot remontada, la première fois qu’il a été employé, c’était déjà pour le football, déjà en coupe d’Europe, et déjà avec un club français pour en faire les frais. 1955. Le stade de Reims menait deux à zéro contre le Real Madrid dans la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, et les Madrilènes ont fini par s’imposer quatre à trois. Remontada, aux origines du mal. Alors il y a 65 ans, les mots qui blessent se diffusaient largement moins qu’aujourd’hui, la remontada est restée gentiment de l’autre côté des Pyrénées, jusqu’à revenir nous submerger sur le terrain et dans notre langage en 2017.

Le FC Barcelone entretient bien le mythe de cette remontada 

C’est le jeu. Les Barcelonais, eux, ont tout à gagner à parler de remontada à tort et à travers. Piquer l’adversaire, réveiller ses vieux démons, ils font ce qu’ils peuvent pour y croire. Dans la presse sportive espagnole il y a une page sur deux où remontada apparaît dans le titre, le président du Barça fraîchement élu Joan Laporta a fait son premier discours en parlant de remontada. On dirait une promesse de campagne, avec moi plus de chômage, ou avec moi, la remontada. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Que les Catalans aient envie de se projeter dans ce scénario improbable, normal. Mais si on pouvait éviter de tomber dans ce piège grossier et d’avoir des remontada qui sortent de la bouche plus que de raison, ce serait bien. Comme dirait le défenseur parisien Abdou Diallo, vous nous soûlez avec votre remontada. Pas mieux. Il serait temps qu’on change de vocabulaire.