Mamadou Sakho innocenté des accusations de dopage : l’honneur est sauf mais la carrière est brisée

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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin revient sur l'affaire Mamadou Sakho. Il a été innocenté des accusations de dopage. L’Agence mondiale antidopage s’excuse mais le mal est fait selon Virginie Phulpin.

La justice a donné raison à Mamadou Sakho. L’ancien joueur du PSG, de Liverpool et de l’équipe de France ne s’est jamais dopé comme l’Agence Mondiale Antidopage l’en avait accusé en 2016. Il va être indemnisé, il a même eu droit à des excuses. Pour Virginie Phulpin, c’est bien joli mais c’est trop tard, le mal est fait.  

Il y a l’honneur, et puis il y a la carrière. Alors l’honneur est sauf maintenant, mais la carrière est brisée. Comment Mamadou Sakho pourrait rattraper quatre ans de sa vie de footballeur ? C’est impossible. En avril 2016, l’agence mondiale antidopage l’a accusé de se doper en prenant de l’higénamine. Il a aussitôt été suspendu jusqu’à la fin de la saison. Donc il ne pouvait plus jouer ni avec Liverpool ni avec les Bleus. Dès ce moment-là le mal était fait.

À cette époque, Mamadou Sakho avait 26 ans, il était en pleine réussite avec son club, et il était titulaire dans la défense de l’équipe de France. Sa suspension, ça a été le coup d’arrêt d’une carrière bien lancée. Il n’a pas pu disputer l’Euro en France, et cette affaire l’a aussi amené à quitter Liverpool plus tôt que prévu pour rejoindre le club beaucoup plus modeste de Crystal Palace. Autant dire qu’il a disparu des radars. Résultat, les Bleus ont gagné la coupe du monde sans lui, Liverpool a remporté la Ligue des champions sans lui. Tout s’est joué sans lui en fait.

Alors l’agence mondiale antidopage a beau s’excuser et reconnaître le préjudice, ça ne va pas lui ramener les quatre années qui auraient dû être le sommet de sa carrière. Aujourd’hui, Mamadou Sakho a 30 ans, et il ne sera sans doute jamais champion du monde à cause de cette erreur.  

Quatre ans pour reconnaître une erreur, c’est long.  

Le problème, c’est qu’une carrière sportive passe beaucoup plus vite que la justice. L’UEFA n’a mis que quelques semaines pour disculper Mamadou Sakho, mais l’Agence Mondiale Antidopage n’a pas suivi, elle n’a pas reconnu son erreur et a laissé la justice faire son travail comme on dit. Et c’est long, la justice… Quatre ans.

Et le problème, c’est que le sentiment qui domine aujourd’hui, c’est au contraire celui de l’injustice. Mamadou Sakho n’a jamais rué dans les brancards, il a encaissé sans rien dire et aujourd’hui il doit savourer sa victoire. Mais qu’est-ce qu’elle est amère cette victoire.

L’indemnisation qu’il va recevoir n’aura jamais le goût d’une coupe du monde. Jamais. La seule chose que l’on puisse espérer, c’est que le joueur soit tellement libéré par cette décision et par son honneur retrouvé qu’il revienne à son niveau d’il y a quatre ans, qu’il soit rappelé chez les Bleus et qu’il soulève le trophée de l’Euro en juin. On peut toujours rêver, il nous reste plus que ça.