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Bloquée par l'épidémie de coronavirus qui a stoppé toutes les compétitions sportives, la Ligue de Football Professionnel a entériné jeudi le classement de Ligue 1 et de Ligue 2. Une décision qui ne fait pas que des heureux chez les dirigeants de clubs déçus. Pour Virginie Phulpin, ces réactions font du football le grand perdant de l'histoire.

On reparle beaucoup de sport cette semaine. La Ligue de Football Professionnel a entériné jeudi l’arrêt de la saison de Ligue 1 et de Ligue 2. Mais il y a eu des prises de paroles assez violentes de la part de certains dirigeants de clubs. Et pour vous, ça montre une image détestable du football. 

L’unité nationale, visiblement, ça n’est pas le truc de tous les dirigeants des clubs de football français. En 48 heures, on a bien compris que ce qu’ils savaient le mieux faire au monde, c’était de se regarder le nombril plutôt que d’avoir une vision générale.

Si on devait tirer un bilan de ce qu’on a vu et entendu lors des tractations de ces derniers jours, c’est que le monde d’après, selon l’expression consacrée du moment, ça n’existe pas vraiment dans le football. On préfère rester bien accroché au royaume du chacun pour soi, montrer les dents, sortir les griffes et offrir un spectacle affligeant pour défendre son petit pré carré. 

La Ligue a acté la fin du championnat. Très bien. On l’a déjà dit, il n’y avait pas vraiment d’autres solutions. Donc forcément, il y a des clubs qui se sentent lésés parce qu’ils sont sanctionnés après une saison incomplète. Il y en a d’autres qui profitent de cette situation pour se qualifier pour une coupe d’Europe ou pour monter en Ligue 1.

Mais l’impression qui se dégage, c’est qu’ils ont tous un point commun, celui d’appréhender la situation par le petit bout de la lorgnette. C’est à dire de plaider pour la solution qui avantage leur club. Point barre. Moi, bêtement, je pensais qu’on vivait une situation suffisamment exceptionnelle pour avoir une vision plus globale et moins partisane. 

Après tout, ils sont présidents de clubs, leur rôle c’est aussi de plaider pour leur cause.

Evidemment que ça peut se comprendre. Les enjeux financiers sont tellement énormes que ça met facilement les nerfs en pelote. Mais de là à transformer des discussions en pugilat, à faire des propositions sans queue ni tête dans le seul but d’essayer de gratter un petit quelque chose au passage, il y a un pas, quand même.

Messieurs, vous êtes des présidents de clubs, vous représentez le football français. Vous croyez que c’est ça le spectacle qu’on a envie de voir en ce moment ? Franchement, je comprends la présidente de la Ligue, Nathalie Boy de la Tour, quand elle dit qu’elle a trouvé indécente la cacophonie ambiante quand on parle de 20.000 morts en France.

Prendre un peu de hauteur, éviter les affrontements stériles et bassement intéressés, ça, ça aurait été le rôle des dirigeants des clubs de foot. Et on aurait salué leur sens des responsabilités. Là, on est juste passé d’une vague idée d’un déconfinement à une déconfiture totale. Je ne suis pas sûre que le football en sorte grandi.