Football : les joueurs des clubs anglais vont boycotter les réseaux sociaux pour lutter contre la haine en ligne

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Face aux insultes qui se multiplient sur les réseaux sociaux, les clubs anglais ont décidé de réagir. Les joueurs vont boycotter les réseaux sociaux le week-end prochain afin de protester contre ces pratiques. Un geste symbolique que salue Virginie Phulpin dans son édito sport.

C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Les clubs de football anglais vont boycotter les réseaux sociaux ce week-end, pour lutter contre le racisme en ligne. Pour vous, c’est un bon début de réponse, et il faudrait songer à l’étendre aux autres pays, et dans les autres sports.  

Chelsea et Manchester City auraient pu commencer dès aujourd’hui. En tant que demi-finalistes de la ligue des champions, le message aurait été encore plus fort. En plus ils ont une tentative de putsch européen à se faire pardonner. Les clubs anglais ne montrent pas toujours le bon exemple, ils étaient quand même 6 à vouloir créer la Super Ligue. Mais là, il faut le reconnaître, ils lancent un mouvement inédit en Europe qu’on peut saluer. A partir de vendredi 14h jusqu’à lundi soir, ils vont fermer leurs comptes Facebook, Instagram et Twitter. Pour protester contre le racisme en ligne. Et c’est valable pour les équipes féminines et masculines.

Il faut dire que depuis le début de la saison, c’est la foire à la haine raciale sur les réseaux. De Paul Pogba à Marcus Rashford, on ne compte plus les joueurs pris pour cible. Ils ratent une passe ou un pénalty, et de courageux comptes anonymes déversent des insanités racistes à leur encontre. Les responsables du foot anglais ont bien écrit aux dirigeants de Twitter et de Facebook pour leur demander de trouver une solution, mais la seule réponse qu’ils ont obtenue, c’est "on ne peut quand même pas censurer des comptes". Ah bon ? Puisqu’il en est ainsi, les clubs de foot n’ont plus qu’à se débrouiller eux-mêmes. Ce black-out peut permettre aux Mark Zuckerberg et compagnie comme aux haineux du clavier de réfléchir deux secondes.  

Ca ne va pas non plus être la solution miracle pour éradiquer le racisme en ligne 

Certes, mais la lutte a quand même changé de dimension. Couper son fil d’actualité pendant trois jours en fin de saison, quand tout se joue, quand tout le monde scrolle les contenus foot, il y a des chances que ce soit plus efficace qu’un T Shirt  "No to racism". C’est un premier pas. Et ça peut donner des idées aux autres pays. A la France par exemple, parce que cette haine en ligne, nos sportifs la connaissent bien aussi. Et pas que dans le football. On a déjà parlé des joueuses et joueurs de tennis qui sont très souvent victimes d’insultes et même de menaces sur les réseaux. Gaël Monfils l’a vécu cette année encore.

Alors on peut toujours trouver qu’un boycott des réseaux sociaux pendant trois jours, c’est léger par rapport par exemple au boycott des matches que les clubs NBA ont lancé l’été dernier aux Etats-Unis. Mais on parle du racisme en ligne, et c’est une réponse en ligne. Donc plutôt adaptée. Puisque même les dirigeants des réseaux ne savent pas ou ne veulent pas réagir, c’est intéressant de voir le foot prendre les choses en main. On n’attend pas de miracle de ce black-out. Mais c’est une première riposte.