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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin s'intéresse à Emma Raducanu, la nouvelle star du tennis. Selon elle, il faut faire attention à ne pas en faire une bête de foire.

Le tennis féminin tient sa nouvelle star : Emma Raducanu. La jeune Britannique a remporté l’US Open en septembre, elle est de retour sur les courts cette semaine. Le monde entier se l’arrache. Mais, pour Virginie Phulpin, c’est de là que vient le danger, il ne faudrait pas en faire une bête de foire.

Emma Raducanu vient à peine de sortir de l’adolescence. Elle a 18 ans. Et en deux semaines, elle a changé de galaxie. Elle est passée d’espoir du tennis à nouvelle star planétaire en un claquement de doigts. Souvent, dans une carrière, il y a des paliers de progression, le statut des sportifs change lentement avec les résultats qui s’améliorent. Là, à part les aficionados du tennis, personne ne connaissait Emma Raducanu il y a un mois, et aujourd’hui elle est projetée en pleine lumière. Et ça n’est pas sans danger.

Il faut encaisser cette notoriété, ces nouvelles sollicitations permanentes quand on a 18 ans. Vous savez, les psychologues du sport disent souvent que les sportifs apprennent à gérer la défaite, ça fait partie de leur travail. Mais on tombe dans l’inconnu quand il faut gérer la victoire et tout ce qui va avec. Parce que ça semble facile, alors que c’est vertigineux. Ces derniers mois on a beaucoup parlé de Naomi Osaka. La Japonaise a du mal à vivre avec son nouveau statut d’icône mondiale. Elle a évoqué le problème de la santé mentale chez les sportifs. Une question essentielle et trop longtemps passée sous silence. Et il faudrait qu’on s’en souvienne en évoquant Emma Raducanu. Elle reste une joueuse de tennis de 18 ans. N’en faisons pas une bête de foire. 

C’est vrai qu’elle coche toutes les cases pour être la star d’aujourd’hui et de demain, et le tennis féminin a bien besoin de têtes d’affiche.

Elle coche toutes les cases, absolument toutes. Un jeu brillant bien sûr. Elle a épaté la galerie à l’US Open. Il y a aussi la fraîcheur de son sourire. On ne va pas se mentir, un sportif moche qui gagne, pas de problème. Une sportive a plutôt intérêt à avoir un joli minois en plus de son revers à une main si elle veut faire sensation. Case cochée aussi.

Et puis Emma Raducanu a tout pour être une icône sur a planète entière. Elle est Britannique, née au Canada d’un père roumain et d’une mère chinoise. Bingo ! Le circuit féminin se frotte les mains et la pousse en avant pour relancer l’intérêt du public au crépuscule de la carrière de Serena Williams et après la retraite de Maria Sharapova. En Angleterre, il y a plein d’as du marketing qui se penchent sur le cas Raducanu. Et certains s’écrient qu’elle va devenir la première sportive à amasser un milliard de dollars de gains dans sa carrière !

Cette joueuse vient à peine de débarquer sur les courts pros qu’on est déjà en train de faire ce genre de calculs. Combien elle va gagner, et combien elle va rapporter aux marques qui s’associent à elle, évidemment. On pourrait la laisser finir de grandir au lieu de lui brûler les ailes sur le bûcher de nos vanités.