EDITO - Roland Garros, "une madeleine sportive qui nous renvoie quelques printemps en arrière"

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Le tournoi de Roland-Garros, qui aurait du se disputer Porte d'Auteuil à partir de dimanche, ne débutera qu'au début de l'automne, fin septembre début octobre. Cette absence nous replonge encore plus dans des moments de nostalgie, où pendant quinze jours, notre vie était rythmée par ces balles jaunes sur la terre battue.

Roland Garros aurait dû commencer dimanche. Le tournoi aura lieu fin septembre normalement. Mais là, ce rendez-vous vous manque, et vous n’êtes sans doute pas la seule. 

Mais c’est déjà Roland Garros ? Cela veut dire que c’est bientôt la fin de l’année scolaire. Et bien non, ni l’un ni l’autre, cette année. J’ai l’impression qu’on a détraqué notre horloge interne. Fin mai début juin, si je devais mettre une couleur sur cette période, ce serait forcément de l’ocre. Cette terre battue de la porte d’Auteuil, elle fait partie de notre inconscient collectif. Qu’on aime le tennis ou pas, d’ailleurs.

On a tous des souvenirs liés à Roland Garros, comme une madeleine sportive qui nous renvoie quelques printemps en arrière. Un déjeuner dominical en famille avec les matches en fond sonore. Un jour férié où on fait la sieste bercé par le bruit des balles. Ou les révisions pour les examens perturbées par ce cinquième set qui n’en finit pas. Même si on ne regarde pas le tennis le reste de l’année, Roland Garros, c’est différent. Ça n’est pas qu’un tournoi du grand chelem, cela représente aussi une partie du "french" art de vivre.

Et puis c’est le seul moment dans l’année où les clans se forment. T’es plutôt Nadal ou Federer ? Tu préférais Steffi Graf ou Martina Hingis ? Attention, parce que pendant quinze jours, tout le monde a une opinion à la machine à café, et le ton peut monter assez vite. Oui, ces joutes verbales me manquent autant que les revers croisés et les amorties rétro. Comme une fin de printemps sans saveur. 

On va penser à l’avenir, Roland Garros devrait avoir lieu fin septembre.

Oui, mais dans quelles conditions ? Guy Forget, le directeur du tournoi, a dit sur Europe 1 qu’il espérait bien pouvoir accueillir du public. Mais pour l’instant il n’a aucune certitude là-dessus. Il faut évidemment attendre de voir l’évolution de la pandémie.

On peut quand même se réjouir d’une chose. Que Roland Garros soit enfin doté d’un toit rétractable, parce que fin septembre début octobre, on n’est quand même jamais à l’abri d’une bonne journée de pluie à Paris.

Ce toit fait entrer le tournoi dans une nouvelle ère. Le "French Open" se met au niveau des autres tournois du grand chelem, et il était temps. J’espère juste que ça ne sera pas l’ère du vide dans les tribunes. Parce que là, moi, ce matin, je rêve d’entendre des gamins crier "allez Yannick" du haut des gradins, alors que Noah vient de fêter ses 60 ans et qu’ils ne l’ont connu que comme chanteur. On va prendre notre mal en patience, c’est normal. Mais cette quinzaine va nous paraître bien creuse. En attendant des jours meilleurs.