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Le tennis n'a jamais été aussi vivant qu'en ce moments où il est à l'arrêt. On n'a jamais autant réfléchi, discuté et expérimenté des choses dans le tennis mondial.

L’US Open de tennis devrait bien avoir lieu à partir du 31 août, on l’a appris ce lundi. Mais ce qui marque Virginie Phulpin dans le tennis, c’est que ce sport n’a jamais été aussi vivant que depuis qu’il est à l’arrêt. 

Ça peut paraître bizarre mais en cette période d’arrêt forcé, le monde du tennis arrive à se remettre en cause et à se poser de vraies questions de fond. Aussi importantes que "c’est quoi le tennis ?". En ce moment, l’entraîneur Patrick Mouratoglou organise dans son académie, dans le Sud de la France, une compétition au format totalement inédit. Il y a bien des joueurs, des raquettes et des balles, mais sinon ça n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on connaît. Ce sont des matches en quatre quarts temps de 10 minutes, il n’y a pas de sets, ça va très vite parce qu’ils n’ont que 15 secondes de pause entre deux points, et quand ils vont se reposer sur leur chaise, ils répondent à des interviews en même temps. Bref, il y a de quoi être dérouté et se demander ce qu’on regarde. Mais l’important, c’est d’essayer quelque chose de nouveau puisqu’on ne peut pas jouer normalement pour l’instant. Virginie Phulpin n’est pas fan de ce format, elle pense que ça ne survivra pas à la fin de la crise sanitaire, mais ça fait vivre ce sport. Elle trouve ça plus intéressant de bousculer les habitudes maintenant plutôt que de changer le format de la Coupe Davis et de la Fed Cup par exemple sans demander l’avis de personne. Là, on comble un vide, on ne remplace pas une compétition qui donne son âme au tennis. Et c’est la même chose pour le tournoi caritatif organisé par Novak Djokovic en Serbie ce week-end. Elle trouve donc que le tennis montre qu’il est vivant à travers ces initiatives. 

Les joueuses et les joueurs s’expriment aussi beaucoup en ce moment.

Les Rafael Nadal et Novak Djokovic, on a l’habitude de les entendre. Mais là, les joueurs de tous niveaux prennent la parole. C’est le cas pour la tenue ou non de l’US Open. Il y a de vraies discussions, et c’est comme ça qu’on fait avancer un sport. Les meilleurs du monde n’ont pas très envie d’aller à New York notamment parce qu’ils ne pourront pas être entourés de tout leur staff. Les moins bien classés leur rétorquent qu’eux n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois et que la reprise du circuit est une question vitale pour eux. Et ces sans-grades du tennis trouvent des soutiens inattendus. Richard Gasquet est tout sauf un sans-grade, on l’entend très rarement se plaindre de l’organisation des tournois. Mais là, il a pris position en disant que pour lui, ce qui était important, si l’US Open se jouait, c’est que tout le monde puisse participer, du 300e mondial au numéro 1. Et il fustige ce qu’il appelle le tennis business. Franchement, je ne m’y attendais pas forcément. Mais c’est réjouissant que les joueurs s’expriment. Virginie Phulpin a l’impression qu’ils reprennent possession de leur sport et qu’ils s’écoutent un peu plus les uns les autres. Vous voyez qu’il y a de bonnes nouvelles en 2020.