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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Le scénario que personne n’osait imaginer il y a quelques semaines est désormais envisageable : une finale Le Pen - Mélenchon.

Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. Un second tour Le Pen - Mélenchon devient possible

Oui, tout est possible dans cette présidentielle à suspense, et le scénario que personne n’osait imaginer il y a quelques semaines n’est plus exclu : une finale Le Pen - Mélenchon.
En cette fin de campagne, la dynamique est du côté du candidat de la France insoumise. Alors que Le Pen et Macron se tassent en tête, autour de 23 ou 24 %, Mélenchon s’offre le luxe dans le sondage Sofres de ce matin pour « Le Figaro » de dépasser Fillon avec 18%, contre 17% contre le candidat de la droite.
Mélenchon capte surtout l’électorat socialiste de Hamon, lequel passe sous la barre des 10%, et part à la chasse aux abstentionnistes et indécis, soit encore 1 électeur sur 3 à moins à 13 jours du premier tour seulement. C’est ce qu’il a fait hier sur le Vieux Port de Marseille, avec la fougue qu’on lui connaît. "La victoire est à portée de nos efforts" a-t-il clamé.

Un match Le Pen - Mélenchon serait propre à effrayer beaucoup de monde en France et à l’étranger

Il est sûr que les investisseurs y regarderaient à deux fois et qu’un choc économique serait immédiat : les taux d’intérêt partiraient à la hausse et les valeurs boursières à la baisse. Une finale Le Pen - Mélenchon signerait la revanche du peuple sur les élites mondialisées, de la France d’en bas sur celle d’en, haut.
Il y a d’ailleurs une certaine porosité entre leur électorat et leur slogan respectif sont très proches : "Au nom du peuple" pour Le Pen, "La force du peuple" pour Mélenchon. Ils ont aussi en commun le retour de la retraite à 60 ans et une très coûteuse politique de relance économique, aux accents dirigistes.
Le Pen veut sortir de l’Europe, Mélenchon prône une sortie négociée des traités européens.
A y regarder de près, leurs différences sont minces sur le sujet. L’un et l’autre sont des souverainistes, attachés aux frontières, qui brandissent l’étendard patriotique à tout bout de champ.

En fait, les deux extrêmes, de droite et de gauche, se rejoignent

Certes, même si sur d’autres sujets, comme l’écologie et l’immigration, ils ne tiennent pas le même discours. L’un et l’autre ont tout fait pour rompre avec leur image d’extrême. Mais, en cette fin de campagne, Marine Le Pen, moins sûre d’elle, se raidit. Elle se fait plus guerrière et clivante - hier, elle a nié la responsabilité de la France dans la rafle du Vel’d’Hiv -, s’éloignant ainsi de sa volonté de dédiabolisation du FN. Mélenchon, porté par sa dynamique, finit en souriant, parle du bonheur et prône la paix avec des accents gaulliens. "La France apaisée", ce n’est plus Le Pen qui la porte aujourd’hui, mais Mélenchon.