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SAISON 2016 - 2017

Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques semaines de l'élection présidentielle.

Pourquoi Hollande ne peut que voter Macron ?

Hollande va-t-il mettre son ultime voyage présidentiel à profit - il est trois jours en Asie - pour réfléchir à son vote des 23 avril et 7 mai ? Il aura en tous les cas l’occasion d’en parler à Jean-Yves Le Drian, qui l’accompagne. Le populaire ministre de la Défense a décidé de soutenir Macron.
Avant Le Drian, beaucoup d’autres proches de Hollande ont déclaré leur flamme à Macron. Bernard Poignant, conseiller de l’ombre à l’Élysée et maire de Quimper, l’avocat Jean-Pierre Mignard et le communicant Robert Zarader, qui serait d’ailleurs à l’origine du slogan de Macron : « la France en marche ». D’autres sont attendus, comme Jean-Pierre, Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée.
Et Hollande alors ? La logique partisane voudrait qu’il vote pour le candidat du PS, Hamon. Hollande a quand même été le premier secrétaire du parti pendant onze ans, de 1997 à 2008. Pourtant, je peux vous le dire, il lui sera infidèle.

Il lâcherait donc le PS pour Macron ?

Hollande ne dévoilera ses intentions qu’au dernier moment. Mais en répétant depuis trois semaines avec insistance qu’il "faut faire barrage au Front national", Hollande a donné un sérieux indice. Il a fait son choix. Le mieux placé pour battre Le Pen, ce n’est pas Hamon, qui patine très bas dans les sondages, mais Macron, son ancien ministre de l’Économie.
Hollande, Le Drian, Poignant, Mignard, ces quatre-là, avec Royal et Jouyet, on les retrouve très tôt, dans les années 1980, derrière Jacques Delort. On les appelle les modernisateurs, ils vont former le club de Lorient, la ville de Le Drian, où ils se réunissent. Ils militent alors pour une social-démocratie à la scandinave, pour l’Europe et déjà contre le FN. Comme Macron aujourd’hui.
De Delort à Macron, la logique idéologique et historique est évidente, à 30 ans d’intervalle. C’est une reconstitution de ligue dissoute.
Tout cela, Hollande l’a bien en tête.

La boucle est donc bouclée.

Si Macron devient président de la République, il fera un peu triompher les idées de Hollande et de ses copains de Lorient. Alors qu’il a renoncé à se représenter, ce serait la revanche de Hollande.