La présidente du Front national compte jouer de l’argument anti Europe contre les autres candidats à la présidentielle.
Empêtrée dans la guerre interne du FN entre Philippot et Marion Maréchal, Marine Le Pen a trouvé l’arme pour détourner l’attention du public et rassembler son parti derrière elle : l’opposition à l’Europe.
L'attentat de Berlin. Vieille rengaine frontiste, une valeur sure pour remobiliser ses troupes et conforter son propre succès tant l’Union européenne fait figure d’épouvantail, de passoire pour l’immigration clandestine et donc les attaques islamistes. C’est très cynique, mais l’attentat de Berlin en est pour elle l'occasion.
Marine Le Pen veut donc convoquer un contre-sommet européen en janvier. Elle va y inviter tous les partis nationalistes qui, dans l’Union, de la Grande-Bretagne aux Pays-Bas, de l’Autriche à l’Allemagne, ont pour premiers fonds de commerce le dénigrement de l’Europe, le rejet des migrants et de l'islam.
Un pari contre les autres candidats. Son pari est donc de mettre l’Europe au cœur du débat présidentiel. Sept mois après le Brexit, elle pense évidemment que ce peut être, sinon gagnant, très gênant pour tous les autres grands candidats. Pour Macron, qui se veut, comme elle, anti système, mais incarne toutes les horreurs du mondialisme. Pour le futur candidat socialiste : Valls, Peillon, Hamon sont pro européens, Montebourg, moins. Et surtout, surtout pour Fillon, car c’est lui qu’elle redoute le plus. Sa victoire à la primaire de la droite a jeté le trouble au FN. Fillon concurrence dangereusement le FN dans la défense des valeurs traditionnelles, mais, lui, n’est pas pour la sortie de l’Europe. Or l'Europe est détestée par une grande partie de la droite populaire.
L’offensive anti européenne de Marine Le Pen peut-elle réussir ? Si d’autres attaques islamistes surviennent, elle aura un écho certain. Marine Le Pen se souvient que les Français ont répondu massivement "non" au référendum européen de 2005.