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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Vives tensions entre la France et l'Italie avec la décision de Paris de rappeler l’ambassadeur de France basé à Rome. Que signifie tout d’abord ce geste ?

Recevoir les "gilets jaunes" sans avertir personne, appeler avec eux à la démission du président Macron a forcé Paris à trancher : le premier ministre italien Di Maio est allé trop loin. Le rappel de l'ambassadeur, c'est donc un acte inédit dans l’histoire de l’Union européenne et  le signe que la tension est élevée 

Autour du président de la République, on explique cette décision pour bien signifier qu’il n’est pas question de valider les méthodes qui détériorent le climat en Europe. La réaction est institutionnelle et graduée :  il y a deux semaines l'ambassadrice italienne a été convoquée, cette fois c’est le représentant de la France rappelé pour consultations pour quelques jours. À Paris, on observait dès hier soir que l'attitude du gouvernement italien a soulevé un tollé et les deux dirigeants de la coalition ont baissé d’un ton.

Dans l’entourage présidentiel on précise : pas question pour Emmanuel Macron de recevoir les dirigeants italiens. Le président français parle avec son homologue, pas avec les membres du gouvernement italien.

Et c’est un point important pour bien comprendre les raisons de la crise franco-italienne qui s’explique par des raisons de politique intérieure…en Italie.

Il faut savoir que Matteo Salvini de la Ligue du Nord, nationaliste, et Luigi Di Maio, du mouvement 5 étoiles mélange de gauche et d'anti-système, se livrent une guerre sans merci pour le pouvoir alors qu’ils dirigent le pays dans une coalition. Les deux sont rivés sur les sondages et l’Italie est plongée dans une ambiance de campagne électorale permanente. Avec notamment des dossiers symboliques, comme l'avenir du TGV Paris-Lyon-Turin. Salvini, issu d’une région dynamique est pour, Di Maio est contre.

Les critiques sont de plus en plus fortes dans le pays face à une politique qui échoue. D'où le bouc émissaire tout trouve pour les électeurs populistes : la France et son président. Salvini l'a utilisé avec les migrants dès son arrivée au ministère de l'Intérieur. Di Maio utilise les "gilets jaunes" pour refaire son retard dans les sondages. 

Le 10 février des élections régionales importantes dans les Abruzzes sera l’occasion d’un nouvel affrontement entre les deux rivaux. Salvini cache à peine son intention de briser la coalition et de nouvelles élections. On le comprend, au milieu de cette crise italo-italienne, la France a décidé de montrer sa fermeté. Des deux côtés des Alpes, la campagne européenne a commencé.