Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Voilà un débat qui resurgit, celui de l’identité nationale. Chose surprenante, le mouvement qui le porte est la République en marche. Comment l’expliquer ?
C’est l’histoire d’un tract à la durée de vie la plus courte de l’histoire politique, un peu plus de trois heures, mais qui en dit long sur ce qui se passe en ce moment.
Produit par la République en marche, il était destiné à être distribué ce week-end. Il décline le nouveau contrat pour la Nation, annoncé par Emmanuel Macron.
Jusque-là, tout est banal.
Sauf une ligne qui met le feu aux poudres chez des élus marcheurs. Cette ligne évoque le grand débat national, il est écrit "Avoir une réflexion collective sur l’identité nationale". Cette notion portée par Nicolas Sarkozy en 2007 avait été le tournant de sa campagne. Élu, le président Sarkozy avait nommé Brice Hortefeux ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, ce sujet est devenu repoussoir pour la droite modérée et la gauche.
Ulcérés, plusieurs élus ont fait savoir à Stanislas Guerini (le nouveau de la République en marche) qu’il n’est pas question de distribuer un tel tract avec les mots de Nicolas Sarkozy.
Il faut dire aussi que du côté du pôle droite de la majorité on est moins ému "Moi ça ne me dérange pas ce tract, c’est la victoire de Sarkozy après celle de Juppé !", s’exclame un député.
Pour éteindre l’incendie, Stanislas Guerini a tout de suite admis que la formule était malheureuse. "C’était une première mouture", dit-on au siège du mouvement.
Le nouveau texte parle "d’identité de la nation qui englobe les enjeux de la citoyenneté et de l’immigration".
C’est plus long, mais plus nuancé.
Ça veut dire que le débat sur l’immigration s’annonce comme ultra-sensible.
Mais pourquoi l’avoir placé dans le grand débat lancé par la président ?
On avait raconté comment ce thème (avec celui de la laïcité et de l’islam en France) taraudait de nombreux élus devant le chef de l’État durant son itinérance, le mois dernier.
La question est présente aussi au cœur des discours des "gilets jaunes", dont les plus durs forment une avant-garde populiste.
Mais il est vrai que ce débat crucial lancé par le président prend tout le monde de court.
Certains membres du gouvernement et non des moindres expliquent en petit comité que ce débat "n’est ni fait ni à faire". Trop précipité, trop d’objectifs disparates
mais qu’il faut poser tout de même.
Des acteurs gouvernementaux craignent que cela ne débouche sur rien.
Le débat lancé par le président Sarkozy en 2009 portait sur l’identité nationale.