Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Ce mardi a été une journée tendue au sein de la majorité. Des députés LREM ont exprimé leur colère face à leurs chefs. Assiste-t-on a une version parlementaire des "gilets jaunes" ?
Pour illustrer l’état d’esprit de nombreux députés de base, c’est une image parlante !
Tout a commencé le matin de la réunion de groupe. À huis clos, les députés marcheurs ont vivement interpellé leur patron Gilles Legendre (député de Paris) qui, selon eux, est déconnecté de leurs enjeux sur le terrain.
Le motif de cette colère vient des nombreuses alertes et demandes d’amendements dans les projets de lois qui ont été ignorées ou repoussées sur les sujets portés aujourd’hui par les "gilets jaunes".
"On se demande à quoi on sert ?", c’est la question récurrente.
Un député de zone rurale prend la parole : "j’ai honte, les gilets jaunes chez moi reconnaissent que je me bats mais disent que je ne suis pas écouté par le gouvernement".
Autre temps fort dans l’après-midi avec l’émotion des députés quand Jacqueline Dubois (députée de Dordogne) dont la voiture et celle de son mari ont été incendiées volontairement samedi soir à pris la parole. Elle a été ovationnée par ses collègues.
Une autre élue a vu sa permanence attaquée il y a quelques jours par des militants d’extrême droite.
Alors ce mardi, ces députés de base qui défendent le gouvernement en première ligne ont voulu dire aux responsables de la majorité "écoutez nous !".
Reçus hier soir à l’Élysée, le président leur a parlé mais a été ensuite contraint de les quitter à cause de la fusillade de Strasbourg.
Mais formellement le chef de la majorité c’est le Premier ministre. Une question se pose : est-il en phase avec le train de mesures annoncées par le président de la République ?
Avec la France à nouveau frappée par le terrorisme, la donne politique n’est plus la même.
On va dire les choses comme elles sont, au delà des éléments de langage, il a fait le job loyalement mais sans enthousiasme excessif.
Il faut dire que le tournant de la dépense publique, ça n’est pas son choix.
Subtilement, il a marqué une distance dès qu’il le pouvait en parlent à chaque fois des "mesures annoncées par le président de la République" mais sans jamais se les approprier.
Curieusement, c’est le secrétaire d’État Michel Dussopt qui a fait acclamer par l’hémicycle les annonces d’Emmanuel Macron.
Autour du Premier ministre, on insiste sur un principe "Pas question d’ajouter une crise politique à la crise sociale" et encore moins depuis ce mardi soir, à la crise sécuritaire.
Ce qu’il faut traduire c’est qu’officiellement, le départ du Premier ministre n’est pas à l’agenda.