Chaque matin de cette semaine, Michaël Darmon évoque les personnalités et les événements qui vont marquer 2019.
Bonjour Michaël Darmon, ce matin vous vous intéressez à la droite en 2019 et vous nous dites, attention au syndrome François Fillon.
Oui, un des tous premiers livres politiques de l’année 2019 est signé de la journaliste Véronique Jacquier : Il a pour titre "François Fillon l’homme qui ne voulait pas être président". Alors la question peut se poser : pourquoi revenir sur cette candidature à l’élection présidentielle, entrée dans l'histoire politique récente comme le calvaire de la droite balayée par l’élection d'Emmanuel Macron et sa réduction au niveau d’une cabine téléphonique.
Et au-delà des nombreuses informations contenues dans cette enquête, la coïncidence est troublante. De ce qui fut le RPR et l’UMP, des années Chirac et Sarkozy, il ne reste qu’un parti sans ligne avec un chef sur le mode hologramme : l’existence est, mais sans réalité politique.
Disons les choses comme elles sont : dès que les portes se referment, et que les journalistes sont absents, il n’y a pas un des grands élus ou responsables de la droite pour miser sur Laurent Wauquiez qui a ce talent indéniable de fédérer contre lui. En coulisses, les chefs de la droite s’attendent à voir passer Nicolas Dupont-Aignan devant aux européennes. Ceux qui le soutiennent publiquement et loyalement, admettent en privé qu’il est inaudible, frappé du sceau de l'insincérité que traduisent études d'opinion et sondages.
Les dirigeants de la droite se désolent : on n'imprime pas.
En 2019 on reprend le tourniquet électoral. Et la droite va se retrouver face à la même question qu'au moment où la campagne présidentielle de Fillon allait dans le mur. Alors que faire cette fois-ci ? Elle a préféré à l’époque s’autodétruire avec le candidat Fillon, que personne n’a eu le courage de débrancher. Car entre les haines et les jeux de billards, personne ne s’entendait sur la personne qui aurait pu le remplacer. La droite s’est refermée sur elle-même, loin des Français.
Les responsables de la droite officiellement donnent rendez-vous après les européennes pour tirer les leçons. Mais d’autres tirent la sonnette d’alarme. Faut-il aller (encore) dans le mur ou oser enfin poser le problème sur la table : qui pour représenter la droite à l’élection présidentielle de 2022 ? Là aussi, disons les choses comme elles sont : c’est l’unique question qui obsède du côté de LR. Que ce soit du côté de Nicolas Sarkozy, devenu coach politique multicarte ou du président du Sénat Gérard Larcher à qui on murmure qu’il serait l’homme de la situation pour Matignon.
À droite les couteaux sont tirés, mais pour l’instant mais pas aiguisés. Le courage politique exigé sur tous les tons face au gouvernement ne s'exerce pas en interne : ceux qui considèrent Laurent Wauquiez comme un problème restent sans réagir et voient le mur s’approcher. C'est cela le syndrome Fillon : quand le candidat avait dit "je ne vous demande pas de m’aimer mais de me soutenir". Entre les lignes, Laurent Wauquiez dit la même chose. Au parti LR, en 2019 on est bien parti pour rester sur le bas-côté de la route politique.