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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

La sortie du Grand débat se passe dans un climat de tension généralisée entre les institutions de la République.
Dernier acte, le sénat a saisi la justice contre Alexandre Benalla et des proches collaborateurs d’Emmanuel Macron.
En représailles, Édouard Philippe a boycotté les questions d’actualité au Sénat.
Que se passe-t-il vraiment ?

 

Bienvenue au Sénat, un monde où tout n’est que subtilité et complexité. Il est vrai que c’est le bureau du Sénat (instance suprême de cette chambre) qui a voté la décision de saisir la justice après la commission d’enquête Benalla.

Le Sénat est une chambre où la majorité est tenue par la droite, on trouve aussi des socialistes et des communistes. Le point de convergence, ils sont opposés au gouvernement.
L’occasion est donc trop belle d’envoyer de nouveaux missiles sur l’Élysée, mais c’est là où ça se complique. Comment laisser les sénateurs s’exprimer contre l’Élysée tout en essayant de ne pas se mettre l’Élysée à dos ? C’est une équation délicate pour Gérard Larcher.

Le président Les Républicains du Sénat tient à préserver des relations correctes avec Emmanuel Macron qu’il rencontre régulièrement.
Dans la réforme qui se prépare sur la réduction des parlementaires, Gérard Larcher cherche à préserver le Sénat. Or, le mandat de sénateur est celui qui est le plus souvent critiqué, considéré comme loin des électeurs et du terrain (à tort ou à raison).

Il a donc réuni le bureau sans prendre part au vote mais en indiquant qu’il respecterait la décision.
Gérard Larcher a entériné le vote et a réussi à limiter les dégâts en négociant de subtils distinguos dans les motivations envoyées à la justice.
Par exemple pour les collaborateurs d’Emmanuel Macron, il est dit qu’il y a peut-être matière à décider d’ouvrir une enquête.

C’est donc la guerre entre le Sénat de droite et l’Élysée mais pas entre Gérard Larcher et Emmanuel Macron ?

Voilà ! Et bienvenue dans les jeux de rôle au sommet de la république !
Tout d’abord, depuis le début de l’affaire des messages de non agression s’échangent entre les cabinets des présidents Macron et Larcher.
C’est la raison pour laquelle c’est une fois de plus Édouard Philippe qui s’y colle. Il a boycotté les questions d’actualité du sénat, c’est symbolique mais sans grande conséquence. Ça fait néanmoins monter la tension entre les responsables de majorité parlementaires et sénatoriales et ça fait également parler les médias.

L’essentiel est que Larcher puisse continuer à parler avec Macron pour aboutir à une réforme du nombre de sénateurs.
Ensuite, quand le gouvernement le décide, il se sert du Sénat de droite comme avec la loi anti casseurs qui est à l’origine un texte de Bruno Retailleau.
La véritable bataille se situe non pas contre l’Élysée mais à l’intérieur de la droite au Sénat.
Philippe Bas et Bruno Retailleau ont voulu mettre Gérard Larcher en porte-à-faux pour lui dire qu’ils sont des contremaîtres puissants.

Cette guerre des boutons dorés n’est pas faite pour arranger l’image des élus auprès des Français qui attendent que la politique viennent les aider dans leur vie personnelle et de citoyen.
Depuis ce jeudi, on assiste à un petit débat très hexagonal.