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SAISON 2016 - 2017

Même s'il a été la cible de nombreuses attaques hier soir, Emmanuel Macron a réussi à transformer le ring en scène de théâtre en ménageant ses effets.

Macron au centre du jeu

Hier soir, le tirage au sort avait placé le jeune Macron au centre du plateau de TF1, aménagé en cercle comme un ring de boxe. L’ancien ministre était très attendu pour le tout premier débat présidentiel de sa jeune histoire politique. Ses adversaires ont donc essayé les uns après les autres de le renvoyer dans les cordes. Benoît Hamon, sur le financement de sa campagne, Marine Le Pen sur son pantouflage, vous savez quand un haut fonctionnaire renonce à servir l'État. Sur ces deux points, Emmanuel Macron a réussi à transformer le ring en scène de théâtre, ménageant ses effets. Visiblement comblé d'être ainsi au centre de toutes les attentions politiques. Il coupait les attaques en répliquant : "Je crois que c'est pour moi, vous vous ennuieriez si je n’étais pas là".

Il a aussi trouvé un allié inattendu hier soir.

Oui alors qu’il aime d'ordinaire s'acharner sur Emmanuel Macron, prétendant par exemple qu’il "parle aux gens comme à des domestiques", Jean-Luc Mélenchon a entraîné son adversaire dans un numéro de duettistes inédit. Jouant même les porteurs d'eau pour le candidat d’En Marche ! En lui décernant par exemple un joli brevet d'honnêteté. Les affaires ne concerneraient selon le leader de la France insoumise que Marine Le Pen et François Fillon. Mélenchon est aussi venu à sa rescousse, contre la patronne du FN qui l’attaquait sur le burkini. On a compris ensuite la manœuvre de Jean-Luc Mélenchon. Mettre en œuvre sa fameuse technique dite du casse noix et réduire ainsi Benoit Hamon, le candidat du PS situé entre Macron et lui, en un léger filet d’huile.

Mais à l’issue de ce débat sait-on mieux qui est Emmanuel Macron ?

Il a ciselé sa formule, il veut camper une présidence "des nouveaux usages et des nouveaux visages". Il prétend incarner "une alternance profonde". Il alterne surtout pour le moment les emprunts. Sur l’apprentissage, il peut par exemple être d’accord avec François Fillon, tout comme sur ses arguments contre la sortie de l’Euro. En phase aussi avec Jean-Luc Mélenchon sur la rémunération des heures supplémentaires. Il se présente avant tout comme un pragmatique. Il prend un petit peu à droite et un petit peu à gauche comme l'ont déploré tour à tour Marine Le Pen et François Fillon. 

Ses concurrents ont en tout cas été bien obligés de l’admettre hier soir : ce Macron à la fois si peu et tellement contrariant, s’est installé au centre de leur débat.