2:34
  • Copié
SAISON 2016 - 2017

La droite n'a jamais été aussi faible depuis 2002.

A 20 jours du premier tour, si on regarde les sondages, Emmanuel Macron fait la course en tête dans presque toutes les enquêtes avec une petite avance sur Marine Le Pen. Suivent assez loin derrière François Fillon et Jean-Luc Mélenchon sur ses talons. Mais pour vous, Bruno, il y a quelque chose qui cloche et vous posez une question : mais elle où la droite ?

 Absolument, Samuel, comme dit la chanson : mais elle où la droite ? Quand on regarde dans le détail les sondages : on constate donc grosso modo que depuis un mois Marine Le Pen plafonne à 25%, que François Fillon est scotché à entre 17 et 19% selon les enquêtes et que Nicolas Dupont-Aignan pique déjà du nez vers les 3% après être grimpé jusqu’à 5,5%. La droite n’aurait donc été jamais aussi faible depuis 2002, pire jamais été aussi basse alors qu’elle est dans l’opposition. Alors bien sûr, les affaires Fillon ont abîmé le candidat des Républicains. Mais dans le même temps, les sondeurs nous expliquent qu’Emmanuel Macron a certes fait le plein des suffrages centristes mais ne réunit pas plus de 15 à 20% d’électeurs de droite. Je vous le dis, Samuel, il existe un réservoir de voix de droite qui n’apparaît pas dans ces enquêtes.

 

Mais, Bruno, ce réservoir, ce ne serait pas ces électeurs réfugiés dans l'abstention et l'indécision ?

 

Dans le dernier sondage Rolling Ifop publié sur Paris Match.com vendredi, l'abstention atteignait 35% soit 7 points au-dessus du record de la Ve République le 21 avril 2002. Restons quand même prudent, dans une enquête similaire publiée à trois semaines du premier tour en 2012 l'abstention était mesurée à 32% pour au final atteindre 20% le jour du vote. Ca peut donc bouger encore. Mais on voit bien que l'instant les électeurs sont mécontents de la campagne. Et singulièrement ceux de droite sur-représentés chez les abstentionnistes. 30% des électeurs de Nicolas Sarkozy de 2012 ne voudraient pas aller voter. Chez les indécis, c’est à dire, ceux qui veulent aller voter mais ne savent pas pour qui : la part de ces hésistants est de 33%. Pour bien comprendre, l'incertitude de cette présidentielle, il faut donc avoir ces données en tête qui permettent de relativiser les sondages.

 

François Fillon peut-il dégeler cette droite boudeuse. Vous étiez avec lui ce week-end dans le sud, qu’est-ce que vous avez senti ?

 

Au terme d'une semaine moins mauvaise que les précédentes avec des meetings réussis à Nantes, Quimper, Toulon et une tournée en Corse, François Fillon sent que cette droite boudeuse peut finalement revenir. En Corse, les sarkozystes étaient là samedi pour l'acclamer à Biguglia et Ajaccio. A Toulon, il a fait le plein. Certes, il n’est pas aidé par certains caciques comme Christian Estrosi mais le sage et très sarkozyste Jean-Claude Gaudin estime que cette élection imperdable n'est peut-être pas perdue. "Nos électeurs se rendent compte que M. Macron a caché dans ses bagages les amis et les ministres de Hollande", dit-il avec sa verve. Alors François Fillon est désormais lancé dans une course contre la montre pour regagner 3 à 4 points qui le rapprocherait de la qualification second tour.