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Ses jours sont comptés. Le rhinocéros noir d'Afrique est l'un des symboles du braconnage et l'espèce est en voie de disparition. Mais les cols blancs de la City de Londres ont trouvé un moyen de le sauver, tout en gagnant de l'argent.

Ce matin, gros plan sur le rhinocéros noir d’Afrique qui incarne la sauvagerie du braconnage. A ce rythme là ses jours sont comptés, a moins qu’il ne soit sauvé demain par… une obligation .

5.000 rhinocéros aujourd’hui sur tout le continent : 12 fois moins que dans les années 1970, massacrés par des braconniers dotés d’un arsenal de guerre pour récupérer leur fameuse corne censée avoir des vertus anti-cancer et aphrodisiaque. Le kilo se négocie 50.000 euros essentiellement pour le marché chinois. Le rhinocéros est donc mal barré.

Et c’est donc la finance qui se porte à son secours ?

Absolument ! Les cols blancs de la City ! On croit rêver. Le principe est de spéculer sur la hausse de la population de rhinocéros dans les cinq prochaines années. Les créanciers prêtent donc de l’argent aux donateurs qui ont de plus en plus de mal à financer des projets de préservation. Si la population de 800 rhinocéros d’une partie du Kenya et de l’Afrique du sud continue  demain de  baisser ou de stagner,  les créanciers perdront l’argent prêté.

Et si la population de rhinos augmente ?

Là bingo ! Les investisseurs qui ont le pris le risque de sauver le rhinocéros toucheront un intérêt, objectif atteint ! Le rendement de ce produit financier est donc directement lié aux mesures prises sur le terrain pour lutter contre le braconnage. Derrière ce montage, une firme britannique pionnière, Conservation Capital qui innove pour financer la conservation de la biodiversité. Cette obligation verte  baptisée "Rhino-Bond" d’un montant de 50 millions de dollars sur cinq ans sera lancée dès 2020.

Les investisseurs sont ils prêts à sortir leurs dollars pour sauver la jungle ?

Moi, je prendrais le risque, d’autant qu’on ne leur demande pas de jouer les mécènes à fond perdu. Quelle occasion en or pour ces investisseurs poursuivis par une réputation de prédateurs de se métamorphoser en protecteurs de la planète, tout en empochant des dividendes…tout bénef ! Et vu l’état de la faune, la firme anglaise, a l’embarras du chois pour lancer de nouvelles obligations. Alors pourquoi pas l’emprunt requin, tigre, gorille, etc ?