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Depuis le début du mouvement Metoo, de plus en plus de femmes se retrouvent entre elles pour leurs loisirs et leurs sorties. Certaines jugent triste d’en arriver là, certains hommes aussi. Le danger n’est-il pas de voir s’installer un sexisme à l’envers, un "communautarisme genré" qui instille l’idée que la mixité est dépassée, que le progrès de la condition féminine ne passe plus par la parité mais par la séparation.

Depuis Metoo, de plus en plus de femmes se retrouvent  entre elles pour leurs loisirs et leurs sorties.  Ça cartonne, mais demain, est-ce que cela peut changer les relations fille- garçons ?

Sur l’ile de Majorque, un chic 4 étoiles est réservé aux femmes pour qu’elles ne subissent plus de mots lourdingues et de drague insistante. Il est donc strictement interdit aux hommes donc, même pour un apéro. D’autres établissements sanctuarisés ont ouvert aussi à Bali, en Suisse et à Tokyo. Le phénomène "réservés aux filles" touche plus largement des sites comme "Copines de voyage" qui vante la découverte du monde entre femmes uniquement, entre soi donc. Un service de VTC pour circuler en paix, des   salles de sports, des randonnée ou des ateliers de toutes sortes. "Les soupapes",  par exemple, un garage associatif créé par deux femmes, à Grenoble,  où les hommes ne sont pas les bienvenue. Le but est d’initier les filles à la mécanique en cassant les clichés machos. Ce jeudi, s’est ouvert à Paris, une "cité audacieuse des femmes"  pour fédérer et organiser  leur combat  avec une devise corrigée "liberté, égalité, sororité".

D’où vient ce mot et pourquoi il ressort ?

Terme utilisé dans les années 70 aux États-Unis par les premières féministes qui dénoncent l’oppression du patriarcat dont sont victimes les femmes de toutes conditions sociales. Après le scandale Weinstein,  le monde découvre l’ampleur des violences faites aux femmes. Le mouvement Metoo se réapproprie le mot pour appeler à la solidarité féminine, la sororité donc, l’équivalent  féminin de fraternité. Les réseaux sociaux  étant un  formidable porte-voix pour les idées féministes. Voilà comment "balance ton porc" et la sororité sont aujourd’hui rentrés dans le langage courant.

Demain, filles et garçons ne vont donc  plus se mélanger ?

Pleins d’espaces sont naturellement trustés par les hommes sans que cela ne choque. Une poignée de club élitistes,  des cercles de fumeurs de havane, d’amateur de bourbon et des confréries de chasseurs. Mais la meilleure riposte est-elle pour autant, demain, l’ouverture de restaurants, de cinémas, de librairies, de supermarchés, de pharmacies radicalement destinés aux filles ? La question divise aussi bien les chapelles du féminisme que les femmes elles-mêmes. Certaines jugent triste d’en arriver là, certains hommes aussi. Le danger n’est-il pas de voir s’installer un sexisme à l’envers, un "communautarisme genré" qui instille l’idée que la mixité est dépassée, que le progrès de la condition féminine ne passe plus par la parité mais par la séparation. Demain, si les femmes organisent des manifs pour défendre leurs droits, qu’elles nous invitent cette fois, ce combat contre la misogynie et les violences, c’est aussi le nôtre.