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Alors que certains animaux de compagnie et certains poissons se nourrissent déjà d'insectes, Bruxelles doit statuer sur l'autorisation de nourrir les porcs et les volailles avec des ténébrions, des coléoptères, des grillons et des mouches. Si Bruxelles donne son accord, c’est cinq millions de tonnes qui devraient être produites chaque année en Europe.

On a connu l’impensable avec des vaches herbivores qui se nourrissaient de farine animales. Demain, les porcs et les poulets pourraient donc manger des insectes ?

Tout va dépendre de  Bruxelles ! Pour l’instant, c’est toujours "niet" pour des raisons sanitaires après le traumatisme de la "vache folle".  Mais industriels et chercheurs ont réalisé d’énormes progrès ce qui leur donne des raisons d’espérer un feu vert d’ici la fin de l’année. Les chats et autres animaux de compagnie peuvent déjà déguster des insectes entiers depuis cinq ans. Les scarabées sont très bons pour leur santé et leur peau. Les poissons d’élevage y ont droit également, ils sont nourris aux insectes depuis 2017. Ça coince donc encore pour les porcs et les volailles, ce qui n’est pas le cas au Canada et en Chine où il n’existe aucune réglementation.

Bourré de protéines, l’insecte est-il l’aliment miracle de demain ?

Sa production pourrait bondir de 20% dans les cinq ans à venir. L’organisation pour l’alimentation et l’agriculture de l’ONU mise sur ces petites bêtes pour éradiquer la sous-nutrition chronique en Afrique par exemple et même offrir une alternative durable à la consommation de viande dans les pays développés. À conditions que les habitudes alimentaires changent.  La blanquette de grillons, ce n’est pas encore pour demain. La FAO encourage aussi l’agriculture à les utiliser, ça éviterait de piller les océans. Un quart des poissons pêchés sert à nourrir des animaux, quelle hérésie. Les volailles et les porcs adorent les insectes, ils en mangent beaucoup déjà naturellement. Grâce à leur protéines, il y a de meilleurs rendements et les filet de volaille sont plus gros et sans hormones.

Toute une filière en France et en Europe retient son souffle si jamais les règles changent ?

Si Bruxelles donne son accord,  c’est cinq millions de tonnes qui devraient être produites chaque année en Europe contre 1,5 million en cas de statu-quo. Deux milliards d’investissement en Europe pourraient suivre d’ici 2025 avec à la clé la création  de 100.000 emplois. C’est la France qui est en pole position avec Ynsect, le leader mondial qui a investi plus de 100 millions dans une usine de farine d’insectes près d’Amiens. Mais attention, pas n’importe lesquels. Seules sept espèces ont l’agrément : deux de ténébrions, des coléoptères, trois de grillons et deux de mouches. Demain, ce sera un casse-tête pour les fans de jambon. Celui de cochon nourris aux scarabées va-t-il détrôner l’espagnol au gland et le corse aux châtaignes ?