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Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.

 

Moi qui vous parle de Primo Levi chez Tallandier/Pocket

On donne la parole à Primo Levi.

Grâce au livre Moi qui vous parle qui vient de paraître chez Pocket. C’est un livre d’entretien. Une conversation menée par Giovanni Tesio, son biographe. Il s’était entretenu avec l’auteur de Si c’est un homme quelques semaines avant sa disparition.

Il parle de toute sa vie ?

Surtout de sa jeunesse. Une enfance dans une famille aisée à Turin. Il parle de son père. De sa judaïté aussi, une identité plus culturelle que religieuse. Il parle de ses souvenirs à la campagne pendant les vacances… De l’école aussi où il était, dit-il, l’éternel second ! Ils n’ont rien d’extraordinaire, contrairement à ses malheurs dans les camps, ses souvenirs. Mais Primo Levi s’en rappelle avec une certaine poésie, une certaine fantaisie aussi, avec son style. Comme lorsqu’il parle de l’écriture. Il avait beaucoup de mal à écrire parce qu’il essayait de copier les caractères d’imprimerie, comme les virgules avec le point et la petite queue.

On imagine qu’il était bon en lecture et en écriture.

Mais ce qui l’a d’abord vraiment passionné, c’est la chimie ! Il est devenu docteur en chimie d’ailleurs. Il évoque aussi la montée du fascisme. Et l’encadrement des jeunes par les fascistes. On les emmenait au ski, par exemple. Je le cite : « Il y avait là un homme censé nous apprendre à skier, mais lui-même ne savait pas skier, par conséquent, je n’ai rien appris… » Il nous parle des femmes aussi. Mais surtout de son extrême timidité avec elles durant sa jeunesse, une timidité maladive qui l’empêchait absolument de faire la cour aux femmes, tandis que ses copains, eux, y arrivaient très bien. Et puis, il y a la littérature évidemment. Comme dans ce passage. À la question : que lisais-tu dans ta jeunesse. Il répond "Dos Passos, ou Céline". "Céline !? Tu as bien dit Céline", demande Giovanni Tesio qui s’étonne un peu que Primo Levi lise un auteur ouvertement antisémite. "Oui, Céline. J’aimais ce style, je le trouvais désordonné, anarchique, mais je l’ai lu". Il détaille aussi sa manière de lire "en décortiquant les phrases. Je m’attache à la "texture" de la phrase", dit-il. Voilà. C’est une conversation à bâton rompus, beaucoup moins structurée, évidemment, qu’une biographie, mais il s’en dégage une espèce de naturel, ce qui fait qu’on a l’impression de discuter nous-mêmes avec Primo Levi.

Moi qui vous parle donc c’est chez Pocket.