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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Malgré la "bronca" des actionnaires de Renault, son PDG Carlos Ghosn a tout de même décidé de s'octroyer 7 millions d'euros.

Axel de Tarlé, expert Économie

 Nouvelle vague d'indignation contre les revenus - totalement hors normes - des grands patrons. 

Même le Medef se dit "géné" par certains comportements. Il y a de quoi  En Assemblée générale, la majorité des actionnaires de Renault vote contre la rémunération de Carlos Ghosn - plus de 7 millions d'euros - (en plus de 8 Millions chez Nissan). Carlos Ghosn en prend bonne note - mais ne renonce pas.  Une heure après, le Conseil de Renault confirmait les 7 millions. Car, l'avis des actionnaires en Assemblée Générale est simplement consultatif.  D'où l'embarras de Pierre Gattaz, le patron du Medef, qui se dit "géné" par ce "passage en Force".

Vous avez également le patron de la FNAC - Alexandre Bompard - 11 millions d'euros, au titre de l'année 2015. Certes, il le doit à la très bonne tenue de l'action Fnac, dont il est l'artisan.

Il n’empêche, 11 millions pour une boite qui fait 48 millions de bénéfice. C'est beaucoup ! Cela peut nourrir du ressentiment pour les salariés, les vendeurs sur le terrain, en magasin, qui portent encore le gilet Fnac... A qui on demande de faire des efforts ! 

Idem chez Air France, on demande aux pilotes de baisser leurs salaires, et le patron - Juniac - s'augmente de 65 %. Donc les salaires des grands patrons deviennent problématique pour la bonne marche des entreprises. Avec des salariés qui eux, se sentent humiliés, et n’adhèrent plus au projet de leur entreprise. Les actionnaires se sentent bafoués en Assemblée générale. Ils votent contre la rémunération, le patron répond : "ça m'est égal, je m'augmente quand même."    

Cette situation pourrait changer : ce ne sont plus les syndicats, les ONG ou les politiques qui protestent, mais les financiers. En l’occurrence le fond souverain de Norvège, qui dispose de 700 milliards grâce au pétrole et qui investi partout en Europe (Nestlé, Carrefour...) va sanctionner ces comportements pour les raisons qu'on vient d'expliquer.

 

Antonin André, expert Politique

Les projets économiques des candidats de droite à la primaire.

François Fillon tient aujourd’hui un grand rassemblement sur le plein emploi. C’est tout bénef pour les entreprises : fin des 35h, fin du CDI, instauration de la TVA sociale, facilitation des licenciements économiques, suppression des emplois aidés, refonte de toutes les aides sociales, alignement des conditions de travail des apprentis sur celle des salariés. Alain Madelin en a rêvé François Fillon vous le promet !

La semaine prochaine Alain Juppé sort son livre intitulé "5 ans pour l’emploi" et dans les grandes lignes, si Alain Juppé est élu, ce sera également champagne au MEDEF, à l’APEC, au club du CAC 40 ! Et re-champagne côté fiscalité parce que là encore les patrons seront gâtés : baisse de l’impôt sur les sociétés, abolition de l’Impôt sur la fortune.

Mais qu'auront les classes populaires et les classes moyennes ? Celles qui ont pris de plein fouet la re-fiscalisation des heures supplémentaires et les hausses d’impôt de ce quinquennat ? Rien, "peanuts". Pire encore, il va falloir se serrer la ceinture avec des dizaines de milliards de coupes budgétaires dans la protection sociale notamment.

Pardon mais... on peut se faire élire avec un tel programme ?

J’imagine que François Fillon et Alain Juppé y ont pensé. Quand on leur demandent : "Mais... les classes moyennes et populaires, vous avez bien quelque chose pour elles, vous y avez pensé ?"

Ils vous répondent : "Non, on leur promet de l’emploi rien de plus..."

Leur crédo c’est "les Français ne croient plus aux promesses et aux rêves en campagne."

Un proche de Juppé précise : "On veut afficher la bonne gouvernance et pas s’attirer les faveurs électorales". Est-ce que ça gagne ? C’est très risqué. D’abord parce que ce discours très libéral offre sur un plateau à François Hollande – si c’est lui le candidat - des arguments pour renvoyer la droite à sa caricature, pour ressouder la gauche et la mobiliser. Quand bien même vous êtes élus, vous avez vu ce qu’il se passe avec la Loi El Khomri aujourd’hui ? Le gouvernement écorne deux alinéas du code du travail et la rue gronde. Même dans la foulée d’une victoire à la présidentielle, pas sûr que vous puissiez déchirer le droit du travail, dessouder les fonctionnaires et faire trinquer les classes moyennes dans un Eté fleuri et apaisé...

Alain Juppé, le grand brûlé des grèves de 1995, devrait s’en souvenir.

 

Retrouvez également la chronique de Franck Ferrand, Aujourd'hui dans l'Histoire...