Le bilan européen de François Hollande menacé par le Brexit et la possibilité de réformer la fonction publique en France : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016

Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Antonin André, expert politique

Le Brexit, la sortie possible du Royaume-Uni de l’Europe. Alors que le référendum aura lieu le 23 juin, le "oui" et le "non" sont au coude-à-coude dans les sondages. L’enjeu est européen, mais il est aussi très politique car une éventuelle sortie des Britanniques et la crise qui en découlerait mettrait le bilan européen de François Hollande en danger.
 
C’est le sujet de politique étrangère qui mobilise l’Élysée. Vendredi à Rome, François Hollande retrouve les dirigeants sociaux-démocrates européens pour évaluer les conséquences d’un Brexit. Mercredi, le président convoque tous les ministres concernés, Affaires étrangères, Affaires européennes, Économie, Défense et Intérieur, pour une réunion exceptionnelle uniquement consacrée au risque de crises en cascades liées à une sortie des Anglais.
Pourquoi une telle attention ? Parce que le Brexit constituerait l’ultime crise d’un naufrage européen, qui dure depuis quatre ans, depuis l’élection de François Hollande.
Crise de l’euro, crise grecque, crise ukrainienne, crise des migrants et peut être crise du Brexit…. Depuis l’élection de François Hollande, ce n’est pas que l’Europe est à l’arrêt mais elle recule carrément. L’un des symptômes les plus inquiétant c’est la montée des extrêmes droite et des anti-européens que ce soit en Autriche, en Hongrie, en Lettonie, en Pologne, mais aussi aux Pays-Bas ou en Grèce.
D’ailleurs qui en France attend avec gourmandise le No Anglais ? Marine Le Pen. La sortie des Anglais serait, pour elle, la démonstration que l’on peut s’affranchir du joug de Bruxelles.
 
Que peut Faire le président, il n’est pas directement responsable d’un éventuel Brexit pour le coup ? Quelle initiative peut-il lancer pour conjurer la crise ?

François Mitterrand prenant la main d’Helmut Kohl devant l’ossuaire de Douaumont lors de la commémoration des morts de la première guerre mondiale, tout le monde se souvient de cette image le 22 septembre 1984. Elle marque la réconciliation entre la France et l'Allemagne mais au-delà, elle redonne un souffle puissant à la construction européenne au moment où elle est à l’arrêt. C’est le point de départ, la naissance de l’acte unique européen qui deux ans plus tard consacre le principe d’une monnaie commune. L’euro en quelque sorte est né à Douaumont. Or que célèbre-t-on ce week-end à Verdun ? La guerre 14/18. Qui sera présent ? François Hollande et Angela Merkel. Une grande initiative franco-allemande scellée dans un lieu symbolique. Voilà ce qu’il faudrait, mais ça n’arrivera pas. Parce que François Hollande et Angela Merkel forment un couple de raison, froid, sans élan et sans vision commune. Dès leur première rencontre le 15 mai 2012, ils se marchaient physiquement sur les pieds au lieu de se donner la main. Pacte de relance, union bancaire ou encore la Grèce, sur tous les sujets ils se sont affrontés. Et que dire de la crise des migrants avec une Angela Merkel négociant directement avec la Turquie faisant fi de Paris ? Ajoutons que François Hollande est en fin de mandat et qu'en matière de politique étrangère, la voix d’un chef d’État sur le départ ne pèse plus grand-chose.

 

Axel de Tarlé, expert économie

On peut faire des réformes en France.
En tous les cas, la réforme des "régimes spéciaux" des fonctionnaires est en train de porter ses fruits et l'écart avec le privé se réduit à grand pas.
C'est ce que montre le dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) qui constate que l'âge de départ, dans la fonction publique, a "significativement reculé"

A la SNCF, par exemple, il y a 10 ans, on partait à la retraite à 54 ans, aujourd'hui, c'est à près de 57 ans. Dans les huit ans soit en 2024, les sédentaires à la SNCF partiront à 62 ans, comme dans le privé.
ce cas de figure n'est valable que pour la SNCF qui bénéficie d'un régime spécial.

Si on regarde les fonctions publiques en générale, les fonctionnaires d’État, les collectivités locales ou les hôpitaux, on approche les 61 ans, pas très loin du privé. Sur ce point, on ne peut donc plus dire que les fonctionnaires sont privilégiés.
Preuve qu'effectivement, les différentes réformes de 2003 et 2010 pour les fonctionnaires, ainsi que celle de 2008, pour les régimes spéciaux comme la SNCF et EDF portent leur fruit.
Certes, cette réforme de 2008 a coûté cher puisque pour faire passer la pilule auprès des cheminots, Nicolas Sarkozy s'est montré généreux. Ce qui fait qu'à la SNCF, on part avec une retraite confortable mais, on part plus tard.

Oui, On peut donc réformer.
Le deuxième enseignement de ce rapport c'est qu'il vaut mieux vaut réformer en début de mandat.
La réforme sensible des régimes spéciaux de Nicolas Sarkozy pour la SNCF et EDF, c'était 2008, un an après son élection.
Pas sur qu'il ait eu autant de succès s'il avait agit en fin de mandat où c'est difficile de réformer, on le voit bien aujourd'hui avec la Loi El Khomri.