Emmanuel Macron a déjà perdu et le patronat très remonté contre Carlos Ghosn : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016

Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé, expert économie

Le patronat est très remonté contre Carlos Ghosn et sa rémunération de plus de sept millions d'euros.
Le Medef a envoyé un courrier au patron de Renault-Nissan pour lui demander de changer ses pratiques et surtout de la "mesure" dans ses émoluments. 

La lettre confidentielle, que s'est procurée le Journal Les Échos, a été envoyée la semaine dernière.
Une lettre assez surprenante car en général, le patronat se serre les coudes.
Les instances patronales (le Haut Comité de Gouvernement d'Entreprise de l'Afep-Medef) reprochent au Patron de Renault son attitude en Assemblée Générale.

Que s'est-il passé ?

Les actionnaires ont voté en Assemblée Générale contre à 54 %, la rémunération de Carlos Ghosn. Théoriquement, Carlos Ghosn aurait du dire "j'en prends bonne note. On va voir avec le conseil si on peut revoir les choses".
Mais là, pas du tout. Dans la demi-heure qui a suivi. Carlos Ghosn a dit "vous avez voté contre mais, je ne change rien, c'est comme ça". Une sorte de bras d'honneur envoyé aux actionnaires.
Or, l'entreprise Renault appartient aux actionnaires, elle n'appartient pas à Carlos Ghosn.
C'est pour cela que le courrier du Medef demande au Conseil de Renault de revoir ses pratiques, et de tenir compte du vote négatif de l'Assemblée générale. 
Le patronat demande de la "mesure" dans la rémunération de Carlos Ghosn.

Est-il trop payé ? On dit que c'est l'un des plus grands patrons français.

Il a propulsé Renault, avec son alliance Nissan et Mitsubishi, dans le top 3 des constructeurs, au coté de Toyota, Général Motors et Volkswagen.
C'est un autre grief : la double rémunération avec sept millions chez Renault ainsi que huit millions chez Nissan. Une double rémunération pour un seul homme.

15 millions. C'est beaucoup ? C'est trop ?

Carlos Tavarès, PDG de PSA, explique que "les grands patrons c'est comme les footballeurs. Que si vous voulez les meilleurs, il faut y mettre le prix".
La comparaison avec le football est un peu osée. Nos PDG ne sont quand même pas l'objet d'un mercato comme dans le football, où en juin et juillet, tous les clubs sortent leur carnet de chèque pour racheter Lionel Messi ou d'Ibrahimovich.
Mais, le courrier du Medef précise qu'en matière de rémunération, il faut aussi tenir compte de "des parties prenantes de l'entreprise (aux salariés) et de l'opinion publique". De son acceptabilité.

Le résultat de cette polémique, c'est qu'à cause de cette affaire et de son retentissement dans l'opinion, le gouvernement est en train de légiférer sur le salaire de grand patron, ce que le patronat voulait absolument éviter. Une loi qui encadre ces rémunérations et qui vient d’être votée mercredi soir.
Elle va rendre obligatoire les décisions prises en Assemblée Générale en matière de rémunération.

Antonin André, expert politique

La politique c’est Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, pas très prompt c’est le moins qu’on puisse dire à défendre la loi El Khomri. En pleine bataille avec la CGT, le Ministre de l’Économie a visiblement d’autres préoccupations.

"Emmanuel Macron est ailleurs" cette phrase sibylline c’est le président de la République qui l’a prononcée en privé récemment pour qualifier l’attitude de son ministre de l’Économie. Alors c’est où ailleurs ? C’est dans son mouvement "En Marche" qui lance ce week-end la grande marche. Dans une cinquantaine de villes de France de Watreloos à Marseille en passant par Strasbourg, Amiens ou Clichy, 13.500 marcheurs vont frapper aux portes des Français. "Quelle crainte avez-vous pour l’avenir ? Quel espoir ? Dans tous les domaines de votre existence.. Citez-nous des expériences qui marchent dans votre entourage". Une sorte de sondage grandeur nature, pourquoi faire ? Pour alimenter une plate-forme programmatique pour la présidentielle. Pour qui ? Pour lui bien sûr et pourquoi pas dès 2017.
En tous cas ses équipes s’y préparent. Lui, Emmanuel Macron malgré les démentis et selon les informations d'Antonin André, continue d’organiser des rencontres et des diners de levées de fonds. Officiellement, son compteur affiche près de 400.000 euros de dons. Il consulte aussi les élus, les patrons et un ancien ministre de l’Économie, Antonin André en a eu la confirmation. Emmanuel Macron voit Dominique Strauss-Kahn. La proximité entre les deux hommes est évidente jusque dans l’entourage d’Emmanuel Macron, puisque ses plus proches collaborateurs ont travaillé avec DSK.

Il se prépare pour 2017, ça veut dire qu’il va démissionner pour se présenter contre François Hollande ?

La démission ? Non Antonin André n'y croit pas, c’est trop tard, il a loupé le coche. En janvier dernier, en pleine période post-attentat, privé de sa loi Macron 2, rétrogradé dans l’ordre protocolaire du gouvernement, il se plaint à ses proches d’être quotidiennement "humilié" par le Premier ministre Manuel Valls. La question de sa démission se pose à ce moment-là. Beaucoup autour de lui poussent cette option, lui l’écarte.
Pourquoi est-ce que c’est trop tard ? Parce que quitter le gouvernement en septembre à neuf mois de la présidentielle, lui vaudrait immédiatement un procès en déloyauté, voire en trahison à l’égard de celui qui l’a révélé, François Hollande.
De neuf, de différent il deviendrait comme les autres, obsédé par sa propre carrière aveuglé par son ambition. Un seul scénario le propulsera candidat et c’est pour ça qu’il se prépare, si François Hollande renonce.
Ses proches font campagne d’ailleurs contre le président : "François Hollande a perdu son socle, un sondage l’a donné perdant face à Marine Le Pen ! Il est cramé…" voilà la petite musique que joue son orchestre de communicants dans le tout Paris. Lui ne dit rien et laisse faire.