Philippines : une religieuse australienne expulsée pour trouble à l'ordre public

Sœur Patricia Fox, TED ALJIBE / AFP 1280 5:14
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Sœur Patricia Fox, une Australienne aux Philippines depuis 30 ans, a été qualifiée d'"étrangère indésirable" par le président Duterte. Son tort ? Avoir soutenu des causes sociales.

Direction les Philippines d’abord (cet archipel d’Asie du sud-est), où une religieuse australienne va être expulsée pour trouble à l’ordre public ! Qu’est-ce qu’elle a fait ?

Il y a quelques semaines, elle avait quitté sa banlieue de Manille, la capitale, pour se joindre à des communautés indigènes qui réclament la reconnaissance de leurs terres dans le sud du pays. Auparavant Sœur Patricia Fox avait déjà soutenu des travailleurs précaires ou accompagné des parlementaires qui enquêtaient sur une longue série de meurtres de fermiers, soupçonnant des abus militaires. Elle soutenait des causes sociales en fait. C’est la mission même de sa congrégation de Notre-Dame de Sion, dont elle est coordinatrice : lutter contre la pauvreté, et donc être aux côtés de ceux qui mènent des combats sociaux.

Et ça a déplu…

Ça a fortement déplu au président lui-même ! Rodrigo Duterte a traité la religieuse de 71 ans d'"étrangère indésirable". C’est lui qui a ordonné, il y a dix jours, l’arrestation de cette petite femme aux cheveux courts et dont le visage ridé et souvent souriant exprime la détermination. Sœur Fox a été interrogée pendant 24 heures, a passé la nuit au poste, et hier la décision est tombée : annulation de son visa ! La sœur est aux Philippines depuis 1990, presque 30 ans mais les autorités lui donnent 30 jours pour quitter le pays, pour cause d'"implication dans des activités politiques partisanes", incompatibles avec son titre de séjour.

Ça a provoqué des réactions ?

Oui, d’abord son avocat compte faire appel de cette expulsion. Mais surtout, cette décision suscite l’inquiétude de tous ceux qui s’exposent un peu aux Philippines, en particulier les étrangers, les religieux mais jusqu’aux partis d’opposition. L’avertissement est clair : on ne critique pas la politique du président Duterte. Vous savez qu’il mène une campagne extrêmement violente. En moins de deux ans, la police a officiellement tué plus de 4000 toxicomanes et trafiquants présumés. Selon les défenseurs de droits de l’homme, il faut multiplier ce chiffre par trois. Et Duterte ne supporte aucune critique, donc il y a quelques jours déjà, un dirigeant du Parti des Socialistes européens, qui avait dénoncé les meurtres extrajudiciaires dans l’archipel, avait été expulsé à peine le pied posé sur le sol philippin.

Et puis en Espagne, on va voir qu’il peut coûter cher de mentir sur ses diplômes. Surtout quand on est une élue. C’est la mésaventure qui vient d’arriver à la présidente de la région de Madrid. Henry de Laguérie, vous êtes le correspondant d'Europe 1 en Espagne. J’ai dit "présidente" de la région, je devrais dire ex-présidente puisqu’elle vient de démissionner. C’était pourtant une figure de la droite espagnole !

Oui Cristina Cifuentes était l’une des étoiles montantes de la droite espagnole. Certains la voyaient succéder à Mariano Rajoy, dont elle était très proche. Elle avait fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités, ce qui lui avait valu de nombreuses inimitiés au sein de sa formation. Il faut se rappeler que le parti populaire est impliqué dans de très nombreux scandales de corruption.

Et elle a été rattrapée par son passé…

Oui il y a un mois, le site d’information eldiario.es, une sorte de Mediapart espagnol, révèle que Cifuentes a obtenu frauduleusement son master de droit public. Personne ne l’a jamais vue en cours, il n’y a aucune trace de son mémoire de fin d’étude. Bref, son diplôme a été falsifié. Pendant plusieurs semaines, elle encaisse sans broncher les révélations du journal et s’accroche à son poste, rejetant la faute sur l’université. Et face à la pression, l’intéressée se contente finalement de renoncer à son faux master. Ce qui a d'ailleurs déclenché une vague de commentaires ironiques et très drôles sur les réseaux sociaux, chacun y allant de son #YoRenuncio ("je renonce") : renoncement à l’Oscar jamais reçu ou au Prix Nobel jamais accordé.

Mais vous m’avez dit que la goutte d’eau, ça a été la vidéo d’un vol à l’étalage. C’est-à-dire ?

Oui hier matin, un site d’information proche de la droite publie la vidéo d’une caméra de sécurité d’un supermarché. On y voit Cifuentes en 2011, alors numéro 2 de la région de Madrid, rendre à un vigile deux pots de crèmes anti-rides. Montant du larcin 42 euros. La vidéo vient sans doute de son propre camp. Je vous l’ai dit, Cifuentes avait beaucoup d'ennemis. Face à ces images accablantes, l’élue a donc fini par démissionner, mais le mal est fait. Cette affaire affaiblit encore un peu plus la droite espagnole qui est désormais devancée dans les sondages par le parti de centre droit Ciudadanos.

En bref, nouveau coup dur pour la liberté de la presse en Turquie…

14 journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet ont été condamnés pour aide à des organisations "terroristes". Leur procès a duré neuf mois, il était considéré comme un test pour la liberté de la presse dans le pays. Les peines vont de deux ans et demi à plus de huit ans de prison. Les 14 restent en liberté conditionnelle pendant la procédure d’appel, ils sont soumis à un contrôle judiciaire. "Aucune condamnation ne nous empêchera de faire du journalisme honnête et honorable", a réagi un rédacteur en chef de Cumhuriyet, qui est l’un des derniers médias critiques du pouvoir d’Erdogan. 165 journalistes sont en prison aujourd’hui en Turquie.

En Afrique du Sud, une grève générale contre le nouveau salaire minimum...

Il doit entrer en vigueur le 1er mai et a été fixé à 20 rands par heure, soit 1,3 euro. C'est un salaire "d'esclave", ont estimé les manifestants descendus dans les rues de grandes villes hier. Le nouveau président a fait de la relance de l'économie l'une de ses priorités mais son salaire minimum ne fait que des mécontents. Les salariés, qui estiment qu’il est bien trop bas, donc, et les patrons qui vont être obligés, bien souvent, d’augmenter les salaires. 

Il y a quelques semaines, elle avait quitté sa banlieue de Manille, la capitale, pour se joindre à des communautés indigènes qui réclament la reconnaissance de leurs terres dans le sud du pays. Auparavant Sœur Patricia Fox avait déjà soutenu des travailleurs précaires ou accompagné des parlementaires qui enquêtaient sur une longue série de meurtres de fermiers, soupçonnant des abus militaires. Elle soutenait des causes sociales en fait : c’est la mission même de sa congrégation de Notre-Dame de Sion, dont elle est coordinatrice : lutter contre la pauvreté, et donc être aux côtés de ceux qui mènent des combats sociaux.