Madame rap, le premier média français dédié aux femmes dans le hip hop

3:54
  • Copié

Chaque jour, Nadia Daam vous présente son coup de patte personnel.

Le rap est très probablement le genre musical le plus victime de clichés et de préjugés.

Les rappeurs sont accusés d’être bas du front, violents, haineux, misogynes. Il faut bien avouer que certains rappeurs ont largement contribué à légitimer ces accusations.

Les clips dans lesquels des jeunes femmes en string nettoient des parebrises avec leurs coccyx n’ont effectivement pas aidé à donner des rappeurs l’image d’alliés des femmes. On pense également au rappeur Orelsan, qui nous avait inoculé en 2009, le titre "Sale pute", dans lequel, entre autres amabilités, il disait cette phrase : "ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner". Loin de Nadia Daam l’idée d’exonérer certains de ces artistes de leurs propos ou attitudes immondes. Pour être honnête, elle a beau être non-violente, elle aimerait même qu’on la laisse seule cinq minutes dans une pièce avec Orelsan et une cuillère à évider les melons

Pour autant, il serait faux et malhonnête de dire que le rap a l’apanage du sexisme et de la misogynie. On exige des rappeurs ce qu’on ne demande pas aux artistes d’autres genres musicaux.

C’est ce que tente de démontrer Madame Rap. Madame rap, c’est le premier média français dédié aux femmes dans le hip hop, qui fait d’ailleurs l’objet d’une campagne de financement participatif sur Ulule.

Il est dirigé par la journaliste Eloïse Bouton qui tente de déconstruire les clichés, de mettre en avant les rappeuses, elles existent. Elle a surtout mis en ligne hier une compilation de 30 chansons populaires, de rock, folk, country, chanson françaises qui n’ont rien à envier à Booba qui dissertent gaiement sur le viol, le meurtre, la violence conjugale. Sans que leurs interprètes n’aient jamais été cloués au pilori, pires, certains d’entre eux, sont même érigés en icône écrit Eloïse Bouton.

Bon, alors pour bien prendre la mesure de la différence de traitement, un quiz. Voici les paroles d’une chanson, à vous de deviner s’il s’agit d’un titre de rap ou d’autre chose.

"je préfèrerai te voir morte ma p’tite plutôt qu’avec un autre homme" (réponse : Les Beatles, dans "Run for your life")

"J’ai envie de violer des femmes, de les forcer à m’admirer"  Rap ou pas rap ? (Michel Sardou, Les villes de grande solitude)

Rap ou pas rap : "que des créatures se fassent culbuter à l’œil et sans calcul, ah les salopes, ah les salopes" (Georges Brassens dans "Concurrence déloyale")

"Tellement de jeunes canons que j’aimerais choper, même si elles me mangent dans la main, il n’y a qu’une carotte et elles doivent toutes la partager" (Bruno mars dans le titre "Runaway baby"). Nadia Daam a changé d’avis, laissez-la plutôt cinq minutes dans une pièce avec Bruno Mars et un épluche-légumes.