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Le remaniement ministériel est sur toutes les Unes des quotidiens, surtout pour vilipender un changement cosmétique. 

Ce matin en Une de vos journaux c’est un festival. C’est l’avantage d’un remaniement, les spécialistes de titraille sont à la fête. On fait beaucoup dans l’hommage au dernier film de Leonardo di Caprio : Nice-Matin : "Les revenants." Mais il y a des variantes : La Nouvelle République : "Ayrault sort du frigo et ratatouille verte." On a aussi la métaphore façon loisir préféré des Français : Le Parisien : "Monsieur Bricolage." Le Figaro : "Un dernier replâtrage pour finir le quinquennat." 20 Minutes : "Le grand recyclage." Libération façon sécurité routière : "Derniers verts pour la route. Et l’Opinion, lapidaire : "Remaniement lunaire pour fin de règne chaotique."

Remaniement

Un conseil au nouveau gouvernement : ne pas lire les journaux ce matin. C’est ravageur. Il y a les commentaires d’ordre général : « Les appellations ministérielles sont révélatrices de l'air du temps, note Dominique Jung dans les Dernières nouvelles d’Alsace. En 2012, on eut droit à un vaniteux ministère du Redressement productif, censé regonfler le moral des entreprises; depuis hier, le gouvernement, comprend un curieux secrétariat d'État dédié à l'Aide aux victimes. Sous couvert de compassion, cette innovation donne un paradoxal brevet d'efficacité aux djihadistes qui peuvent ainsi se vanter d'avoir influé sur l'organigramme de la France. » Et puis il y a les procès en trahison : « Pour les rogatons de cette fin de quinquennat, lance Patrick Appel-Muller dans L’Humanité, Emmanuelle Cosse a accepté d'endosser une politique du logement qu'elle avait vilipendée quelques mois plus tôt. » Dans L’Opinion, le dessin de Kak résume : Un scooter trafiqué avec guidon de Harley, siège façon trône, cornes de taureau, petits tournesols et peintures rose et verte. Il fait teuf-teuf et porte le sigle Valls 3. Le président de la République le présente à son Premier ministre : Tu as vu, j’ai fait un peu de tuning. En revanche, je n’ai pas touché au moteur. Et dans son éditorial, Rémy Godeau manie les paradoxes : « Las, le président préside mais il n’est plus crédible. Le président remanie mais il n’est plus lisible. Le président explique mais il n’est plus audible. » Et puis il décrypte les règles de la gouvernance Hollande : « Règle n°1 : diriger, c’est cuisiner. Règle n°2 : gouverner, c’est se défausser. Règle n°3 : surnager, c’est organiser le chaos. » Sur le retour des écologistes, c’est le titre de Libé qui donne le ton : Cosse au Logement, les Verts à la rue. Quant au Figaro, qui titre son éditorial : Bienvenue sur le Titanic, il nous raconte les larmes de Fleur Pèlerin apprenant son éviction. « C’est vraiment vache, commente un ministre, Hollande lui avait dit récemment au cours d’un déplacement qu’il était très content de son travail. » Et puis un député PS s’amuse : « Au regard de la droitisation du gouvernement, Ayrault fait désormais figure de symbole de gauche. » Le Figaro Magazine titre : « Et si on parlait d’amour ? » mais la Saint-Valentin, c’est le 14, pas le 12 février.

La gauche et le peuple

Le fond du problème, c’est Jacques Julliard qui l’aborde dans Marianne. 4 pages au vitriol dans lesquelles il se demande pourquoi dans la France de 2016, l’hégémonie intellectuelle appartient désormais à la droite. « Si la gauche a aujourd’hui perdu la bataille des idées, ce n’est pas que ces idées aient été vaincues ; c’est qu’elle les a abandonnées, c’est qu’elle se les ait laissées prendre. » Votre problème, proclame-t-il, c’est le peuple. La gauche de la gauche doit en finir avec son mépris du peuple déguisé en détestation du FN. Ne reste plus alors qu’une gauche de gouvernement. Et aujourd’hui, elle n’est pas au mieux.

Vierge de Guadalupe

C’est une page assez incroyable dans Le Monde à l’occasion de la visite au Mexique du Pape François. Une page sur le 2ème lieu le plus fréquenté du culte catholique : la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe avec sa Vierge métissée. On est en 1531. Un Indien, berger fraîchement converti, voit apparaître la Vierge qui lui demande de lui consacrer un temple pour y écouter les pleurs des Indiens. Comme il ne parvient pas à convaincre l’évêque local, la Vierge lui prescrit de cueillir des roses qui viennent de pousser en plein mois de décembre sur la colline. Il les ramasse et les enveloppe dans sa tunique. Lorsque l’Indien la déplie devant l’évêque, l’image de la Vierge s’est imprimée sur le tissu. Depuis, la science se penche sur ce morceau de fibres d’agave qui s’est étonnamment conservé depuis 5 siècles et sur cette image qui est comme imprimée sur la tunique sans qu’on puisse déterminer l’origine des pigments. Mieux, l’agrandissement des pupilles de l’icône y montre 13 silhouettes humaines comme si l’image de ceux qui observaient la scène s’était fixée au fond des yeux de la Vierge. Aujourd’hui, ce symbole dépasse largement la sphère catholique et prend au Mexique une dimension identitaire, celle d’un pays profondément métissé.

Scouts musulmans

Il faut lire aussi l’enquête de Marianne sur ce mouvement né au début des années 90, qui fait découvrir à des jeunes de banlieue la nature et la fraternité et qui résiste  à toute tentation d’entrisme islamiste en développant la connaissance des jeunes. Tous les matins, dans les camps des SMF, on hisse le drapeau français. Parce que ces jeunes se savent partie intégrante de la nation.

Ondes gravitationnelles

Elles sont partout, ces ondes à peine détectables dont Albert Einstein avait deviné l’existence. Dans Le Figaro, dans Le Parisien, dans Libération. Autant de chances d’enfin comprendre cette étrange représentation de l’Univers comme la toile d’un trampoline sur laquelle rebondiraient les objets cosmiques. Est-ce qu’elles vont changer notre avenir ? A lire L’Express et son dossier sur l’intelligence artificielle, on se dit que c’est plutôt là que notre avenir se joue. Se mêlent les problèmes éthiques, les questions de souveraineté nationale quand les Américains ont le monopole des technologies et cette façon dont les nouvelles technologies, insensiblement et sans que nous le maîtrisions, modifient l’ensemble de nos comportements.

Les histoires d’amour se nouent mais peuvent aussi se dénouer. Le journal 20 Minutes a décidé de sauver tous ceux qui ont cédé à une mode très contemporaine : le tatouage. Parce qu’on peut toujours regretter un « Mauricette forever ». Il y a des techniques, les couleurs pour noyer le poisson, le serpent pour recouvrir une phrase. Et le journal offre même un cover gratuit par le tatoueur des stars à l’un de ses lecteurs. Il suffit d’envoyer une photo du tatouage que l’on veut effacer, par exemple « A Fleur pour la vie » en expliquant pourquoi on veut le supprimer. Mais attention à ne pas le remplacer par un tout aussi éphémère « Jean-Marc et Jean-Vincent forever ».