Natacha Polony, La Revue de presse 01.04.2016 1280x640 7:05
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La presse quotidienne revient ce vendredi sur le fait que François Hollande croit encore en sa réélection en 2017 malgré la colère sociale qui gronde en ce moment.

Ce matin en Une de vos journaux, il y a ceux qui s’emballent et ceux qui modèrent les ardeurs.
L’Humanité a compté les manifestants, hier, et ça donne : Le poids du million.

Et puis, dans la série des rêves les plus fous :
Le Parisien nous l’affirme : Et pourtant, il y croit encore. Oui, on parle bien de François Hollande.
Mais en Une du Figaro, il est avec Manuel Valls pour : Le début de la fin.

Panade de l’exécutif

L’adjectif du jour, c’est piteux. C’est à peu près l’état du couple exécutif. Il y a les indulgents, comme Xavier Brouet dans Le Républicain Lorrain qui parle d’une mauvaise conjonction astrale qui aurait fait perdre tout flair politique à l’ancien funambule de Solferino. Mais du flair, certains ont l’air de douter qu’il y en eût jamais. Et dans Sud-Ouest, Yves Harté parle d’un soir crépusculaire laissant filtrer cette lueur grise qui accompagne les chemins de croix et les fins de règne. Avec dans le rôle du martyr un Manuel Valls dont Le Figaro nous montre la courbe de popularité en forme de plongeon vertigineux. D’ailleurs, la photo du jour, c’est bien Manuel Valls, dans Les Echos, les mains jointes, les paupières closes, la tête penchée. Dans ces moments-là, comme disait Audiard, il ne faut plus comprendre, il faut prier.

Pédophilie

L’article est dans 20 minutes. Le témoignage d’un Belge qui a entamé une démarche pour obtenir le droit d’être euthanasié pour souffrances psychiques. Il raconte son attrait irrépressible pour les jeunes garçons. La découverte de son homosexualité à l’âge de 15 ans et son attirance pour un garçon de son âge, la culpabilité face à une famille pour qui une telle révélation eût été intolérable, et l’impression d’être resté bloqué à ce moment-là. Aujourd’hui, cet homme a 39 ans et il cherche des partenaires entre 18 et 20 ans en espérant, dit-il, qu’ils ne mentent pas sur leur âge. Il a multiplié les traitements, les psychothérapies, sans trouver l’écoute suffisante. Jamais il n’a agressé d’enfant mais la société, dit-il, ne tolère pas ce genre d’amour. Pourtant, on reste perplexe. Cet homme est-il réellement pédophile ? Visiblement, il s’intéresse à des garçons jeunes, mais majeurs. Accepter son discours sur sa supposée monstruosité, n’est-ce pas justifier son mal-être jusqu’à ce point extrême qu’est le suicide ? La société devra-t-elle accepter d’euthanasier tous ceux qui n’ont pas trouvé de réponse à leur souffrance psychique ?

Science et conscience

Ce n’est pas sans lien, Le Figaro Magazine pose la question : la science va-t-elle trop loin. A l’occasion de la sortie d’un livre de Luc Ferry sur le transhumanisme, le magazine le fait débattre avec le jeune philosophe François-Xavier Bellamy. D’un côté le moderniste, certes prudent, Luc Ferry, qui plaide que l’humanisme laïc définit l’humain non par ses qualités naturelles mais, au contraire, par sa liberté, par sa faculté de transgresser la nature de sorte qu’il est capable d’une perfectibilité infinie, y compris sur le plan biologique. De l’autre, le penseur chrétien, François-Xavier Bellamy, qui prévient : "Cette révolution ne compte pas seulement bouleverser nos vies, elle transforme l’idée que nous nous faisons de l’homme. Palier une rétinite par le biais d’un implant, c’est rendre à l’homme ses deux yeux, le reconduire à l’équilibre naturel des corps humains. Se faire greffer un 3e œil derrière la tête serait totalement différent. En fait, le transhumanisme se fonde sur une anthropologie de la frustration : vouloir augmenter l’humain, c’est le considérer comme un être déficient. Dès lors que la technique quitte la médecine pour basculer dans l’augmentation, c’est son mépris de la faiblesse et de la fragilité qu’elle trahit, et c’est à nous-mêmes que nous déclarons la guerre". L’un plaide pour une liberté transformant le monde en paradis ici et maintenant, l’autre craint que ce paradis ne se transforme en enfer.

Cauchemar technologique

Le Parisien Magazine nous ferait pencher du côté de l’enfer en nous racontant l’histoire d’un couple de l’Ohio. Une nuit d’avril 2013, ils entendent une voix masculine rugir dans la chambre de leur petite Emma : "Allez bébé, réveille-toi…" Quand ils entrent dans la chambre, la caméra placée au-dessus du lit de leur fille et reliée à leur smartphone pour vérifier que le bébé dort bien, se tourne vers eux avant de déverser un flot d’insanités. La caméra a été piratée, comme peut l’être la jolie poupée connectée que votre fille a reçue pour Noël. Des hackeurs peuvent même vous espionner à travers votre smart-TV même quand l’appareil est éteint. Et ne parlons pas de la prise de contrôle d’une jeep en pleine vitesse (là, il s’agissait de pirates mandatés par la marque pour déceler les failles du système). Un livre, Cyber-fragiles, dresse la liste de ces anecdotes un peu effrayantes mais heureusement aussi des solutions pour limiter les risques. Mais comme le résument les auteurs : plus on est connecté, plus on est vulnérable.

Soixante-Quinze

Saluons la sortie d’un nouveau mensuel qui n’intéressera pas seulement les Parisiens, même si c’est bien à eux qu’il s’adresse. Dans Soixante-Quinze, on trouve bien sûr une enquête amusante sur la plus courte des lignes du métro parisien : où se cache le passager de la 3bis (4 stations et 5 minutes de parcours). Mais on trouve aussi un magnifique reportage dans un des derniers véritables resto-route entre Roissy et la forêt de Chantilly. Et je suis sûre que vous n’imaginiez pas croiser dans un article sur les routiers Claude Levi-Strauss, Ulysse et la légende arthurienne. Et puis un portrait de Severiano de Heredia, métisse d’origine cubaine, descendant d’esclaves, député, ministre et président du conseil municipal de Paris en 1879.

 

Il est Ecossais, pour vous c’est le plus célèbre des espions, mais Sean Connery a bien failli ne jamais incarner 007. So Foot nous raconte que sa véritable passion c’est le football. Sauf qu’il peinait à percer dans des petits clubs locaux et qu’un jour, il s’est dit : même un grand joueur de foot est sur le déclin passés ses 30 ans, moi  j’en ai déjà 23. Tous les acteurs connus comme Clark Gable ont plus de 30 ans. Le choix fut vite fait. Mais Sean Connery a très longtemps fréquenté les vestiaires des Glasgow Rangers et c’était lui qui appelait les internationaux qu’il fallait convaincre de venir supporter sous la pluie écossaise. On notera la légende d’une photo du jeune footballeur à l’âge de 20 ans : Jeune Connery. Et pour ceux qui voudraient rééditer les exploits de 007 dans le couloir gauche, il y a Pif Gadget ce mois-ci avec les bouts de plastique de l’indémodable tir o’goal, la cage de but, le mur des défenseurs et le gardien. Ils ont un gadget, chez Pif, pour occuper un président pendant quatorze mois ?