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La presse quotidienne revient ce jeudi matin sur le blocage de la France par la CGT.

Ce matin en Une de vos journaux, il y aurait comme une certaine confusion. Et pas seulement parce qu’il va falloir aller les lire sur internet.
Pour Le Monde : face à la CGT, le gouvernement exclut le compromis.
Libération confirme sur fond rougeoyant de palettes en flammes : bloqués.
Mais une Une du Parisien, c’est Manuel Valls et François Hollande : Prêts à lâcher du lest.
En Une du Figaro, la moustache de Philippe Martinez façon ennemi public numéro 1 : l’homme qui veut mettre la France à genoux.
Et L’Opinion : Blocages : le ras-le-bol des patrons.

Grèves et blocages

Donc, vous ne trouverez pas vos journaux en kiosques. Ah, si, L’Humanité indique fièrement à ses lecteurs qu’il sera le seul disponible ce jeudi 26 mai. C’est L’Opinion qui nous explique pourquoi : "Jeudi 26 mai 2016. Une date qui restera comme un de ces moments où l’on peut avoir honte de ce qu’est devenue l’action syndicale. La CGT a décidé de bloquer l’impression des journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi Travail". Nicolas Beytout parle d’une "déplorable atteinte à la démocratie". Et le texte en question est en effet publié dans L’Humanité avec des accents triomphalistes. On y trouve la dénonciation d’un gouvernement qui se radicalise. La modernité, dit-il, c’est le progrès social, pas la Loi Travail. Mais la modernité, ça n’est visiblement pas le pluralisme. Dans les éditoriaux, bras de fer, dialogue de sourds. Un dialogue de sourds lancé par Manuel Valls depuis Israël. Le Figaro y voit un étrange écho. Guillaume Perrault nous rappelle, en pleine guerre de Yougoslavie, l’aller-retour de François Mitterrand à Sarajevo sous les applaudissements. Tout le monde a oublié que pendant ce temps, la France était bloquée depuis 10 jours par les routiers. Le leader du mouvement avait été surnommé Tarzan. Le Daily Telegraph avait résumé : "M. Mitterrand a pu faire rouvrir l’autoroute de Sarajevo, mais pas l’autoroute Paris-Lyon". Le Premier ministre, Pierre Bérégovoy, avait lâché du lest. On verra…

Casseurs

Pendant ce temps, L’Obs est allé interroger les casseurs, ceux qui fracassent les vitrines et les voitures de police à coups de barres de fer. Le ton de l’article est d’une neutralité bienveillante. Ils se disent autonomes ou antifas, méprisent les manifestants traditionnels : "regardez-les ces syndicats avec leurs ballons et leurs saucisses-merguez, on croirait qu’ils viennent en ballade pour passer le temps entre vieux potes". Eux revendiquent une violence organique, la violence de la vie et de la création. Ils rêvent de rejouer les émeutes de 2005. Un projet de société ? Non. La démocratie, la vie des gens ordinaires, ça ne les intéresse pas.

Libre échange

Le véritable enjeu, celui qui explique l’opposition des Français à la Loi Travail est sans doute là, dans les pages de Libération sur le Tisa. L’accord international sur les services vient s’ajouter au Tafta, et au Cesa, déjà négocié avec le Canada. Le but : abolir les droits de douane, uniformiser les normes. Pour le Cesa, qui met en danger les appellations d’origine, seuls les Wallons font de la résistance. Mais le Tisa, lui, a pour but d’en finir avec les vieux monopoles d’Etat sur les services publics. Tout est commerce. Le Point titre : qui a peur des libéraux ? Et parle d’une révolution culturelle qui dérange. Avec E. Macron et A. Juppé en icônes rebelles. C’est confondre peur et colère. Qui aurait un peu de mémoire se souviendrait du traité de libre échange avec l’Angleterre qui avait ruiné le textile français. C’était en 1788.

Manuels scolaires

L’acceptation des peuples, ça se prépare. La preuve dans Le Figaro avec un article sur les manuels scolaires réécrits pour se conformer à la réforme du collège. Des manuels qui consacrent la culture du zapping avec beaucoup d’images dans tous les sens et très peu de textes, la part belle à la bande dessinée et à la littérature de jeunesse (où l’on développe son vocabulaire : t’es bonne, fais pas chier). Un apprentissage de l’art de négocier, peut-être.

 

Les patrons en ont ras-le-bol, mais ça ne les empêche pas de s’adonner au marketing festif. Le Figaro nous apprend qu’ils sont donc invités à se retrouver à Bordeaux, puis en septembre sur les Champs-Élysées, en mobylette. Un symbole anti-crise et un moyen de fédérer l’entreprise autour d’un projet. La Bleue reprend du service pour faire se rencontrer les clients, les fournisseurs. Le bureau, c’est ringard. En espérant qu’ils trouveront le bon vieux mélange pour la faire rouler.