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Quand les saumons meurent, la décomposition de leurs organes vient enrichir le bord des rivières. Lorsqu'ils sont pêchés par les ours, leurs carcasses sont ramenées plus loin dans les terres, ce qui contribue à nourrir les forêts. Pour la petite histoire, Fanny Agostini habite tout près de la zone de ponte des derniers saumons d’Atlantique.

Les saumons, vecteurs de vie continentale

On oublie souvent que nous vivons sur une planète presque magique, ou chaque petit détail sur lequel nous portons à peine notre attention est en fait une pièce fondamentale d’un ensemble encore plus grandiose. Est-ce que vous saviez que les atomes qui constituent les êtres vivants sont créées au cœur des étoiles ? On aurait presque du mal à croire que cette phrase sort d’un livre de physique et pas d’un recueil de poèmes !

Aujourd’hui, ce n’est pas d’astronomie que nous allons parler, mais de la manière dont les océans nourrissent les continents, en prenant l’exemple d’un poisson vecteur de vie : le saumon.

Le saumon est un poisson "potamotoque", ce qui signifie qu’il nait en rivière, mais qu’il passe la majorité de sa vie en mer. C’est en se nourrissant de crevettes et d’autres petits poissons marins qu’il atteindra sa taille adulte et accumulera les réserves nécessaires pour le long périple qu’il devra entamer afin de se reproduire. Lorsque le moment est venu, il arrête de s’alimenter et retrouve sa rivière natale grâce à son odorat très développé. Le parcours est semé d’embûches et laisse le saumon épuisé une fois les œufs fécondés. Dans la majorité des cas, le poisson se laisse mourir peu de temps après l’accouplement.

C’est à ce moment-là qu’un phénomène extraordinaire se produit : de la mort surgit la vie. Les carcasses de saumons vont se décomposer et libérer dans l’eau les nutriments océaniques qui ont été accumulés. Les arbres qui poussent au bord des rivières vont alors puiser ces nutriments. En ce qui concerne les prédateurs du saumons comme les ours, les loutres et même certains oiseaux, vont se nourrir des carcasses et les entraîner plus loin dans les forêts… Est-ce que vous saviez qu’un ours peut se nourrir de 45 kilogrammes de saumons par jour ? Cela représente un apport journalier de plus 80.000 calories !

Grâce à cette dispersion, les nutriments océaniques se retrouvent ensuite dans toute la biosphère ; des scientifiques ont retrouvé la trace de nutriments océaniques jusque dans des mousses et des insectes ! C’est ainsi que, grâce aux saumons, tout un biotope continental refleurit chaque année. Le saumon étant présent dans les océans atlantique et pacifique, ce sont presque toutes les rivières de l’hémisphère nord qui sont concernées par ce phénomène.

C’est une espèce "clef de voûte", c’est-à-dire que son rôle écologique est crucial au maintien des écosystèmes. Malheureusement, sa présence se fait de plus en plus rare… Le saumon est particulièrement sensible à la pollution, et les activités humaines ne lui facilitent pas la tâche à cause des polluants qu’on trouve dans les cours d’eau, la destruction des forêts, la construction de barrages, la pêche et l’élevage. Dans l’Allier par exemple, on dénombrait plus de 100.000 individus au début du 18e siècle. En 2018,  ils ne sont plus que 409.

Cet exemple de boucle du vivant qui illustre à quel point tout sur cette Terre a un sens, n’en est qu’un parmi tant d’autres ! C’est à nous d’observer la Nature, d’être témoins de sa magie ; et ensuite de prendre les bonnes décisions.

Pour les saumons, la bonne décision c’est déjà d’arrêter d’en manger et de favoriser d’autres variétés de poissons qui ne sont pas surpêchés ou en voie de disparition ! Ainsi le grondin gris, la cardine ou encore le mulet doré sont d’excellentes alternatives. Si vous souhaitez continuer à manger du poisson tout en réduisant votre impact sur les populations à écailles, vous pouvez trouver d’autres alternatives sur le site Mister Goodfish ou en téléchargeant leur application sur smartphone !