Sao Polo : un outsider du type de Donald Trump élu maire

2:29
  • Copié
SAISON 2016 - 2017

Un mois après la destitution de la présidente Dilma Rousseff, Sao Paulo vient d'élire maire Joao Doria, un homme d'affaires qui ressemble étrangement à Donald Trump.

Dans la presse internationale, les élections municipales au Brésil viennent de faire émerger une figure nouvelle qui rappelle quelqu’un.

Le public l’a découvert à la télévision, dans le célèbre show The Apprentice, c’est un millionnaire qui a fait fortune dans la pub, les médias et qui est l’auteur de plusieurs livres sur comment s’enrichir. Il adore le luxe et l’un de ses magazines s’appelle d’ailleurs Caviar Lifestyle.

Il s’agit de Donald Trump ?

Trump, dans sa version brésilienne, c’est Joao Doria. Il a été élu maire de la plus grande ville du pays, Sao Paulo comprenant 12 millions d’habitants. Lui qui était parti dans les sondages avec seulement 3% des voix. Son slogan de campagne, c’était "je ne suis pas un politicien, mais un businessman", particulièrement porteur dans un pays miné par la récession et écœuré par les scandales de corruption qui plombent le grand parti de gauche, le parti des travailleurs. Vous vous rappelez bien sûr du scandale Pétrobras, de ses deux milliards détournés au profit des partis. La gifle qu’il a reçue à ces élections est historique. Un mois après la destitution de la présidente Dilma Rousseff, son représentant s’est fait éjecter dès le premier tour à Sao Paulo avec moins de 17% des voix, du jamais vu.

Alors bien sûr, il y a le talent du nouvel homme fort, ce Joao Doria qui a exagéré son côté outsider, se présentant comme un self-made man, travailleur à 13 ans. Alors qu’en fait papa était riche, député et contraint à un exil doré par la dictature militaire. Doria n’est pas non plus novice en politique puisqu’il est membre depuis 15 ans du parti de droite, qui l’a soutenu, et il a présidé le Conseil national du tourisme.

Donc comme Trump encore, un faux homme du peuple ?

Mais ça a suffit d’autant plus que lui se définit plutôt comme un disciple de Bloomberg. Cet autre milliardaire qui a longtemps dirigé New York. Comme lui, c’est un libéral qui promet de gérer sa ville comme une entreprise. Il est également assez fortuné pour se prémunir de la corruption, il a financé lui-même sa campagne et c’est surtout cela que les électeurs ont retenu. 

C’est aussi le sens de la débâcle du parti des travailleurs, qui tenait 630 villes et qui n’en a plus que 250. Même les partis de droite et de centre-droit qui forment la majorité du nouveau président, ont pris en pleine figure cette vague de défiance. On en a marre des partis traditionnels, les extrêmes ont profité, les évangélistes dans un pays très religieux et les candidats iconoclastes, comme Joao Doria.

Signe de ce grand malaise, plus de 17% des électeurs ne se sont pas déplacés, même si le vote est obligatoire au Brésil et qu’ils risquent une amende. Les bulletins blancs se comptaient par charrettes. À Rio ou Sao Paulo, il y a eu moins de voix pour les candidats que de votes nuls ou d’abstention, comme si la moitié des électeurs désespéraient déjà de pouvoir tourner la page de la corruption.