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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

La Cour des comptes a publié hier un rapport sur les régimes spéciaux de retraite. Et la conclusion est visiblement sans appel.

Oui s’il fallait donner une seule raison de mener la réforme du régime universel, c’est bien celle-là. Alors certes, les retraites de la SNCF, de la RATP ou encore d’EDF ont déjà été réformées, mais les avantages par rapport aux autres régimes restent considérables. L’âge moyen de départ ? 57 ans à la SNCF, moins de 56 ans à la RATP, contre 61 ans pour les fonctionnaires de l’Etat et 63 ans dans le privé. Malgré cela, le niveau des pensions est plus généreux, et plus étonnant, les écarts se sont accrus depuis 2010, dixit la Cour des comptes. La palme du taux de remplacement le plus élevé va à la RATP : 88% du dernier salaire pour une carrière complète. Pas mal. Tout cela n’est pas gratuit. L’Etat verse près de 2 milliards par an uniquement pour couvrir les droits spécifiques des régimes spéciaux. 

La réforme de 2008 visait pourtant à réduire l’addition.

Oui mais pour la faire passer, Nicolas Sarkozy a lâché du lest : hausses de salaire, primes de départ en retraite. Les mesures d’accompagnement ont coûté aussi cher, voire plus, que les économies générées ! Quant à la hausse de deux ans de l’âge légal, elle n’a commencé qu’à partir de 2017. Pour les conducteurs de la SNCF, par exemple, on est encore précisément à 50 ans et 8 mois. La conclusion de la Cour est simple : il faut profiter de la mise en place du régime universel pour faire converger les règles. Et beaucoup plus rapidement. Mais attention, vu les écarts, le sujet sera explosif.

Mais les conducteurs de train devront-ils vraiment attendre d’avoir 62 ans pour partir à la retraite ?

Alors là-dessus, les jeux sont loin d’être faits. Le Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye va abattre ses cartes demain. Il devrait laisser une part de liberté aux entreprises. Vous souhaitez que vos agents puissent toujours partir plus tôt ? Pourquoi pas, mais ce sera désormais à vous de le financer. Dans un régime universel, ce n’est pas à l’Etat ou aux autres assurés sociaux de payer la note. Mais évidemment, pour la SNCF, l’addition risque d’être salée. Une solution pourrait être de créer un étage de capitalisation, dédié au maintien des droits spécifiques. Pour compliquer le tout, il va falloir régler la question des droits déjà acquis, car la transition sera longue.

Qui va payer ? La Cour des comptes suggère le paiement d’une soulte par les entreprises. Voilà qui promet d’âpres discussions. Et sans doute quelques grèves dans les transports.