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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

Le prélèvement à la source de l’impôt devrait faire rentrer un milliard de recettes en plus dans les caisses de l’Etat.

Oui c’était la réforme qui faisait peur à tout le monde, et qui réserve aujourd’hui de jolies surprises. On se souvient qu’en septembre dernier, Emmanuel Macron avait hésité à donner son feu vert, craignant un méga bug mais aussi la réaction des Français qui allaient voir leur feuille de paie s’amincir. Le chef de l’Etat a finalement donné le go, et bien lui en a pris : de bug, il n’y a pas eu, ou des incidents mineurs. Et les contribuables ont plébiscité la réforme, jugeant le système plus simple.

Mais il y avait une autre inquiétude dont on avait moins parlé : celle de Bercy de perdre quelques milliards au passage dans la collecte de l’impôt l’année de transition. C’est en réalité l’inverse qui s’est produit : les recettes devraient être supérieures aux prévisions de 1 milliard d’euros.

Comment expliquer un tel écart ?

Alors il faut savoir qu’avant la réforme, le taux de recouvrement de l’impôt était de 95% seulement en fin d’année. Pour obtenir plus, il fallait multiplier les relances, voire les contentieux pendant des mois. Avec le prélèvement à la source, ce taux a bondi immédiatement à 98,5%. Le ministère des Finances avait anticipé une hausse, mais pas à ce point-là. Et Gérald Darmanin de se féliciter, je cite, "de faire payer l’impôt à ceux qui ne l’acquittaient pas, par fraude ou par phobie des formalités".

Une allusion à la phobie administrative de l’ex-secrétaire d’Etat, Thomas Thévenoud qui omettait de remplir sa déclaration d’impôt. Bon, il y a quand même aussi des effets négatifs pour Bercy : on a notamment plus de contribuables qui modulent à la baisse leur taux d’imposition en cours d’année, parce que leurs revenus diminuent.

Mais globalement, ça reste une bonne affaire pour l’Etat

Oui d’autant qu’en plus du gain de recettes, il y a des économies à la clef car il y a moins besoin d’agents à Bercy. C’est avant tout une réforme de simplification – le barème ne change pas – pour les contribuables qui paient un impôt plus en rapport avec leurs revenus du moment, et pour l’administration. Il n’y aura même plus besoin de déclaration d’impôt pour quelque 12 millions de contribuables l’année prochaine. Tout cela va permettre de réduire les effectifs de 10.000 postes à Bercy sur le quinquennat. Pour les finances publiques, c’est le double effet positif de la réforme. On aimerait maintenant que la réforme de l’Etat, un peu en panne, conduise à d’autres résultats de ce type.