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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

L’épargne salariale a le vent en poupe, avec des montants versés en hausse de plus de 6% selon un bilan paru ce jeudi.

L’évolution est spectaculaire. L’an dernier, les entreprises ont distribué près de 19 milliards d’euros à leurs salariés au titre des bénéfices de 2017. Cela représente une hausse de plus d’un milliard d’une année sur l’autre. L’épargne salariale, c’est la participation et l’intéressement, mais aussi les abondements pour les plans d’épargne entreprise, les PEE, ou les plans d’épargne retraite, les Perco. Et cette tendance devrait se maintenir : le gouvernement anticipe une nouvelle hausse de 5% des montants versés. L’explication est simple : les entreprises vont beaucoup mieux, grâce à la croissance et aux baisses d’impôts. Le gâteau étant plus gros, il y a davantage à partager. Et puis, on sort d’une décennie tumultueuse. Après la crise de 2008, la participation avait chuté, d’autant qu’une taxe spécifique (le forfait social) avait été imposée brutalement. Le retard est en passe d’être rattrapé.

Mais tout le monde n’en bénéficie pas ?

Non, et c’est tout le problème. Seul un salarié sur deux a accès à un de ces dispositifs. Et on est en dessous de 20% dans les PME de moins de 50 salariés. Des proportions qui n’évoluent quasiment pas, malgré les plans qui se succèdent. Résultat, le fossé s’élargit entre salariés des petites et des grandes entreprises, où les salaires sont déjà plus élevés. Voilà pourquoi le gouvernement vient de supprimer le forfait social de 20% sur l’intéressement, uniquement pour les PME. Un coup de pouce bienvenu pour convaincre les petits patrons de s’y mettre. Sauf que la "prime Macron" de 1.000 euros a sacrément brouillé le message.

Pour quelles raisons ? Elle a plutôt bien marché ?

Oui car elle est très simple pour l’employeur, qui peut verser jusqu’à 1.000 euros par salarié, sans charges. Le problème, c’est qu’il s’agit d’une prime à un coup, et que les chefs d’entreprises ont pu se dire : pourquoi s’embêter avec des accords d’intéressement qu’il faut négocier avec les syndicats. Le gouvernement l’a bien compris : il a reconduit la prime Macron l’année prochaine mais en la conditionnant, cette fois, à l’existence d’un accord d’intéressement. Autre changement à venir, ces accords pourront être conclus dans les PME pour une durée d’un an, au lieu de trois. Avec reconduction tacite. Ce sera plus souple. Les conditions paraissent donc enfin réunies pour que les PME se lancent. La balle est dans leur camp.