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Chaque jour, Carole Ferry fait un point sur l'économie.

Carole Ferry remplace Axel de Tarlé ce lundi 21 mai 2018.

Nous sommes donc le lundi de Pentecôte, le jour choisi en 2004 pour devenir la journée de solidarité.

Juste après la canicule de 2003 et ses 15.000 morts en trois semaines, essentiellement des personnes âgées. D'un seul coup, le pays prend en pleine figure l'isolement de nos ainés.
L’État annonce alors le renforcement des moyens et Jean Pierre Raffarin, Premier ministre de l'époque, propose la solution : les Français vont travailler un jour férié et les salaires de cette journée seront reversés aux personnes âgées.
Sauf que faire travailler tous les Français un jour férié, on n’y est jamais arrivé.
C'est donc devenu la journée à la carte. Les entreprises peuvent supprimer un jour de RTT, imposer une journée de travail un autre jour de férié ou offrir cette journée à leurs salariés. Elle doivent en tout cas, s'acquitter de cette contribution : 0.3% de leur masse salariale.

Est-ce que ça rapporte vraiment ?

2,4 milliards d'euros cette année. Et c'est de l'argent qui ne passe pas par les caisses de l'État. Il est directement reversé à la Caisse nationale de solidarité pour la dépendance qui s'occupe de le redistribuer. Concrètement, c'est de l'argent qui sert à financer par exemple les soins dans les Epadh, qui permet donner des subventions aux cabinets de soins infirmiers à domicile et de payer les allocations versées au personnes dépendantes. On travaille donc bien gratuitement un jour par an pour soigner nos ainés. Mais cette solidarité ne représente que 10% de ce que coûte chaque année la dépendance et une chose est sûre, ça ne va pas s'arranger avec le vieillissement de la population.
D'autant que malgré ces efforts, le comité national d'éthique a tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière semaine, parlant "de maltraitance non assumée". Voilà c'est dit !

Le gouvernement réfléchit donc à supprimer un nouveau jour férié ?

Avoir deux lundis de Pentecôte travaillés, l'idée est proclamée au départ par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Quelques jours après, Emmanuel Macron qualifie l'idée d'intéressante. Le débat est lancé.
On peut le comprendre quand on voit qu'au mois de mai, on a eu quatre jours fériés, c'est quand même un jour de travail en moins par semaine. Ce sont des entreprises qui tournent au ralenti, un gros coup de frein sur la croissance.
Donc en effet, est-ce qu'on ne pourrait pas travailler un jour de plus pour relancer la compétitivité tout en prenant soin de nos ainés ? Sauf que pour le tourisme, les jours fériés c'est le moment où la consommation se fait essentiellement en France. Et puis les Français n'ont plus l'émotion à chaud de 2003 pour accepter aussi facilement une nouvelle journée de solidarité qui a déjà été un tel bazar. Les deux tiers y sont même opposés. C'est sans doute pour ça que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'y est dit opposé ce dimanche au micro de David Doukhan sur Europe 1.
Il faudra bien trouver un moyen de financer le vieillissement de la population. Est-ce qu'on devra sacrifier un jour férié pour ça ? Réponse à la fin de l'année quand la ministre présentera son plan dépendance.