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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

On parle aujourd’hui des trois milliards d’économies recherchées par Bercy pour boucler le budget. L’affaire n’est pas simple.

Une réunion doit se tenir aujourd’hui à Matignon. Objectif : trouver des économies pour boucler le budget 2020…

C’est un classique de l’été, mais là, c’est particulièrement compliqué pour plusieurs raisons. D’abord, le gouvernement a beaucoup dépensé pendant la crise des 'gilets jaunes', avec notamment la baisse d’impôt de cinq milliards. Il a aussi beaucoup reculé, sur la taxe carbone en particulier. Exit également la suppression de 50.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat. Il n’y en aura qu’à peine 2.000 l’an prochain. Exit enfin, les économies de court terme sur les retraites, priorité est donnée à la réforme Delevoye. Au final, il manque trois milliards d’euros. Les ministres Agnès Buzyn, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire seront autour d’Edouard Philippe cet après-midi pour tenter d’avancer.

Quelles sont les pistes d’économies ?

Elles concernent surtout les prestations sociales. Des coups de rabot sont envisagés sur l’indemnisation des arrêts maladie, qui continuent de flamber, ainsi que sur le congé parental. Certains plaident aussi pour supprimer complètement les allocations familiales des plus aisés – ils n’en touchent déjà plus que 25%. Mais toutes ces mesures provoqueraient de vives réactions – on se souvient du tollé après la réduction de cinq euros des aides au logement, à l’été 2017. Les regards se tournent donc vers les entreprises – là encore, c’est du classique. L’idée serait de supprimer les allègements de charges qui ne portent pas sur les bas salaires. Mais le Medef est vent debout. A juste titre, puisque le gouvernement a déjà décidé de réduire moins vite que prévu l’impôt sur les sociétés.

Le gouvernement pourrait-il reculer devant ces obstacles ?

Ce qui est sûr, c’est qu’Emmanuel Macron n’est pas obnubilé par la réduction du déficit. Et le gouvernement a justifié l’abandon des économies sur les fonctionnaires ou les retraites en pointant un contexte social qui reste très sensible. Autre élément important : la faiblesse des taux d’intérêt, qui réduit la charge de la dette. Et ça va durer, vu les mesures de soutien promises par la Banque centrale européenne hier. Le gouvernement pourrait donc être tenté de ne pas charger la barque des économies. Mais c’est une stratégie risquée. Quand on est en période de croissance, il faut se désendetter, car sinon, en cas de nouvelle crise, la France sera démunie. Alors oui, c’est vrai, les taux d’intérêt sont à zéro, on pourrait en profiter pour investir. Mais à condition de diminuer les dépenses courantes. Et pour le moment, ce n’est pas le cas.