Troisième débat américain : les Experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

Le 3e et dernier débat de l’élection présidentielle américaine, c’était cette nuit, à 3h heure française et pendant une heure et demi. Les Experts Europe 1 donnent leur analyse.

>> Sur le plan économique

"Le discours d'Hilray Clinton est le plus intéressant, juge Axel de Tarlé. Il marque un vrai retour du dirigisme, la fin du laisser-faire. C'est le retour de l'Etat qui se mèle d'économie. Pourquoi ? Parce qu'il faut sauver la classe moyenne américaine qui disparaît, alors qu'elle est pourtant au cœur de l'american dream. La candidate démocrate propose une hausse du Smic, se déclare en faveur de l’assurance maladie, entend prendre des mesures pour rendre les universités moins chères (les étudiants sont criblés de dettes) et favoriser l'apprentissage."

"L'Etat doit relancer l'économie : les infrastructures, les énergies propres, Tout cela devant être payé par des hausses d’impôts sur les plus riches, avec création d'une tranche à 45 % comme en France, et par les grands groupes qui échappent à l’impôt. C'est un coup de barre à gauche là où Trump, reste dans le posture classique du laisser-faire américain : baisser les impôts pour lui doit relancer la machine.

La dette. Le modérateur du débat lui a fait remarquer que même les économistes conservateurs disent que son plan économique n’est pas réaliste, souligne Sophie Larmoyer. Mais ce qui n’apparaît étrangement pas dans le débat, c'est la question de la dette, qui est portant colossale. "Elle approche les 20.000 milliards de dollars. C'est plus de 60 000 dollars par américain. Elle a presque doublé sous Barack Obama et aucun des candidats n'a la moindre proposition pour tenter de la réduire, au contraire, même si Hillary Clinton affirme qu'elle n'ajoutera pas un penny à la dette", indique Géraldine Woessner.

"C'est évidemment faux, il est même incroyable qu'elle ose le prétendre : des dizaines d'économistes se sont penchés sur ses plans, et ils sont formels : impossible que les hausses d'impôts qu'elle prévoit pour les plus aisés compensent toutes les dépenses promises : la gratuité des collèges techniques, des infrastructures :200 milliards au moins s'ajouteraient à la dette ces 10 prochaines années. C'est énorme, mais moins tout de même que le programme de Trump de dépenses, et de baisses d'impôts : son plan plomberait la dette... 26 fois plus, de 5 300 milliards de dollars. Cette nuit il a répondu, 'cela ne veut rien dire puisqu'avec moi, nous aurons 4, 5, 6% de croissance, ça va compenser'. A voir."

 

 >> Le mur avec le Mexique.

Donald Trump est revenu bien sûr sur sa proposition phare, dont on exagère beaucoup le côté scandaleux, selon lui, qui ajoute qu'Hillary Clinton voulait elle aussi construire un mur. "Non pas un mur, c'est faux, lance Géraldine Woessner, mais une clôture, oui. Hillary Clinton a signé en 2006, le Secure Fence Act qui autorisait la construction d'une barrière sur un tiers, en gros, de la frontière mexicaine. Un projet très contesté à l'époque, qui l'est toujours, et qu'elle a soutenu, une façon d'ailleurs de rappeler qu'elle n'est pas en réalité des plus progressistes sur l'immigration.

Quand son époux, bill clinton, était président, 12 millions de clandestins ont quitté les Etats-Unis, il avait boosté les aides au retour. Barack Obama lui, a renvoyé chez eux 2,8 millions de clandestins, une politique qu'elle compte poursuivre pour ceux qui ont notamment un casier judiciaire. Le chemin qu'elle propose pour une régularisation sera long, plusieurs années. Trump, lui, a sensiblement modéré son discours : les expulsions proprement dites de clandestins concerneraient d'abord les criminels. On peut penser que les autres seraient, comme sous Clinton, incités au retour.

 

>> La Syrie

"Sur l’immigration en tous cas, il y a eu beaucoup de mauvaise foi de la part de Trump quand il reproche à Clinton de faire venir des dizaines de milliers de réfugiés syriens sans savoir qui ils sont. Il veut créer amalgame et jouer sur les peurs", juge Sophie Larmoyer.

La Syrie a  justement eu sa place lors de ce débat et les 2 candidats ont évoqué les bombardements sur la ville d’Alep et l’offensive en cours à Mossoul. "Comme au dernier débat, Hillary Clinton répond sur le fond en réaffirmant qu’il n’est pas question pour elle d’envoyer des troupes au sol en Irak et qu’après Mossoul il faudra reprendre Raqqa, le fief de l’Etat islamique en Syrie. Sur Alep, elle défend sa position d’instaurer des zones d’exclusion aériennes, pour protéger les civils et accessoirement éviter les flux de réfugiés", commentent les experts.

"Donald Trump, lui reste dans le combat présidentiel avec deux trois arguments, toujours les mêmes : en déplorant que Mossoul n’ait pas été attaquée par surprise. Sur la bataille d’Alep, Trump suggère que sa rivale et Obama ont sous-estimé Bachar el Assad, "plus coriace" qu’eux. Il a un dernier argument, plus surprenant : comme il a à cœur, dès qu’il le peut, de dénoncer l’accord sur le nucléaire passé avec l’Iran, en répondant sur Alep, il accuse au passage Hillary Clinton de s’être alignée avec l’Iran ce qui est un contre-sens quand on sait que l’Iran soutient activement Assad, sur le terrain, dans les combats d’Alep."

Poutine. Vladimir Poutine a été au cœur de leurs querelles également. "Ça a commencé avec les accusations d’espionnage et de piratage de la Russie contre les Etats-Unis, accusations portées par Hillary Clinton. Trump répond qu’il ne connait pas personnellement Poutine, mais que le président russe "dit des choses très gentilles sur lui", alors qu’il ne respecte ni Clinton ni Obama. "C’est parce qu’il préfère avoir à faire à une marionnette !", tacle alors la candidate démocrate.

 

>> Verdict 

  •  Pour Axel de Tarlé : "Trump est sonné, sa voix enrouée. Il n'y croit plus. Hilary Clinton reste fidèle à elle même, déroule ses arguments, comme un robot, un bon élève. C'est à la fois sa force et sa faiblesse."
  • Pour Sophie larmoyer : Quand au bout d’une heure, Donald Trump refuse de dire qu’il acceptera ou non de reconnaître les résultats de l’élection, c’est le coup de grâce. C'est totalement décrédibilisant.