Les enjeux de la bataille de Mossoul et l'Allemagne veut empêcher les Chinois de racheter les plus belles entreprises européennes : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

L'Allemagne veut empêcher les Chinois de racheter les plus belles entreprises européennes.
Berlin préparerait un texte au niveau européen, pour défendre nos entreprises.

C'est un problème européen.
On a Accor, fierté nationale, l'un des tous premiers groupes hôteliers au monde, qui est en train de se faire racheter par les Chinois.
On a également les Chantiers Navals de Saint Nazaire, ou l'on fabrique les plus grands paquebots du monde, qui est également dans le collimateur d'un groupe chinois.
Et des opérations qui suscitent beaucoup d'inquiétudes.

Les Allemands ont le même problème.
Les Chinois ont racheté, cet été, le champion Allemand de la robotique, le bavarois Kuka.
Et là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, les Allemands apprennent que Les Chinois veulent maintenant racheter Osram, les ampoules basse consommation, ancienne filiale d'éclairage de Siemens, spécialiste dans les LED, les des diodes basse consommation.

Trop c'est trop. Le Ministre de l'Économie allemand, Sigmar Gabriel, veut carrément interdire ces rachats d'entreprise hi-tech par les Chinois.

C'est du racisme anti-chinois ! Pékin va être furieux !

Oui, la formulation est plus subtile. Les Chinois ne sont pas officiellement cités.
Berlin veut interdire les OPA hostiles, menées par des publiques non Européennes. Donc clairement les Chinois puisque les entreprises américaines sont toutes privées.

Car, il faut le reconnaitre, il y a un problème avec les entreprises publiques chinoises, c'est qu'elles jouent avec des règles du jeu différentes.
Les Chinois sont dans une logique à long terme, d'acquisitions méthodiques des points forts de chacun.
En France, ils rachètent le secteur du tourisme : Club Med, Camapanile ou encore Accor.
En Allemagne, ils rachètent le secteur de la haute technologie.

Et pour réussir, les Chinois sont prêts à surpayer leurs cibles, on est hors marché.
D'où ce retour du protectionnisme. Un phénomène que l'on observe également, en Grande Bretagne ou aux États-Unis.

À noter : Ce qui est intéressant avec cette proposition Allemande, c'est que ce protectionnisme se fait au niveau Européen et non pas au niveau national.

 

Sophie Larmoyer, experte internationale

Le début de l’offensive de Mossou, la seconde ville d’Irak s’apprête à être reconquise par l’armée irakienne avec l’appui de la coalition internationale. Voilà des semaines que les préparatifs de cette bataille sont en cours : on sent bien que les enjeux sont multiples.

Ce sont d’abord des enjeux militaires évidemment.

Depuis plus de deux ans, juin 2014, L’État Islamique a fait de Mossoul son bastion en Irak. L’en déloger porterait bien-sûr un gros coup à l’organisation terroriste.

Mais c’est très compliqué parce que les djihadistes ont miné toute la ville, ils ont creusé des tunnels et se sont littéralement enterrés. Or dans Mossoul se trouve encore 1,5 million de civils, qui vont se retrouver au milieu des combats, avec le risque qu’ils servent de boucliers humains.

Donc il y a un gros enjeu humanitaire qui se greffe sur les enjeux militaires ?

Exactement, d’ailleurs l’Onu et les ONG présentent en Irak se préparent à une crise majeure. Ces derniers mois, ils ont monté une vingtaine de camps mais en cas d’exode massif, le dispositif serait totalement sous-dimensionné, il y a environ 150.000 places.

Des enjeux militaires d’une bataille qui s’annonce rude avec également des enjeux humanitaires. Mais ce qui fait de cette bataille de Mossoul un moment tellement stratégique, ce sont ses enjeux politiques.

Oui Mossoul aujourd’hui, c’est comme un concentré des luttes sectaires et politiques de cette région hyper complexe. On le comprend en regardant qui sont les acteurs de cette bataille face à l’État Islamique.

Vous avez l’armée irakienne, qui dépend du gouvernement central à majorité chiite, es combattants peshmergas qui dépendent du gouvernement kurde autonome d’Irak, les milices chiites irakiennes soutenues  par l’Iran sachant que Mossoul est une ville sunnite et la Turquie qui s’en mêle aux côtés de milices sunnites qu’elle a entrainé.

Et évidemment tout ce monde-là n’a absolument pas les mêmes intérêts.

Non la seule chose qui les unit, c’est l’ennemi commun, l’État Islamique. Mais leurs objectifs sont tellement opposés qu’il y a même des risques de combats entre eux. C’est pour ça que cette bataille a été si compliquée à préparer. Il fallait négocier en amont entre les parties (la France a joué un rôle d’ailleurs) pour que ça ne tourne pas à la guerre civile "le jour d’après" et pour savoir qui contrôlera Mossoul, la grande ville sunnite d’Irak.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le vrai-faux de l’Info avec Jean-Frédéric Poisson dans le grand bain de la manif pour tous.

Le candidat de la primaire de la droite et du centre était sur Sud Radio hier, avant de rejoindre le mouvement opposé au mariage gay. Il anticipait déjà la bataille des chiffres, 24.000 selon la police et 200.000 selon les manifestants. 

Jean-Frédéric Poisson : "Traditionnellement, le ministère de l'Intérieur sous estime les chiffres des manifestations".

Le ministère sous-estime toujours les chiffres des manifestations, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est vrai qu’avec des écarts souvent de un à cinq, parfois même de sept ou dix, ça s’est vu avec la manif pour tous, on peut se poser la question. Pourtant non, c’est faux. À chaque fois qu’on a pu vérifier de façon indépendante, on a trouvé l’inverse, la police sur-évalue même légèrement le nombre de manifestants.

Pour comprendre comment les calculs sont fait, il faut regarder ce que chacun compte.

Les syndicats, par exemple, se basent sur le nombre de cars réservés pour se rendre a la manifs, puis ils comptent, sur place, le nombre de manifestants qui passent par un point fixe. Ensuite, ils rapportent ce chiffre au temps qu’a mis le cortège pour franchir ce même point. Le problème, c’est que la densité n’est pas la même, les rangs souvent se délitent au fil de la journée et la densité du cortège n’est pas prise en compte. 

C’est ce que fait la Manif pour tous ?

Ils ont d’autres méthodes qu’utilisent aussi certains syndicats. Calculer par exemple, la surface occupée à l’arrivée du cortège. L’an dernier, c’était au Champs de Mars, 250.000 m2, si l’on estime qu’il y avait deux manifestants par m2, ça fait déjà 500.000. Plus compliqué hier où la place du Trocadéro ne fait que 20.000 m2, mais les organisateurs estiment aussi les flux, les gens qui arrivent et qui repartent. Toutes ces méthodes agrégées donnent leur estimation qui n’a rien à voir avec ce que la police constate.

Alors justement comment fait-elle, la police ?

La police, elle, compte en deux ou trois points différents, en hauteur, chaque rang qui passe, avec un cliquet, ça dure des heures. Il y a bien sûr des erreurs parce qu’il faut être concentré, mais une enquête indépendante, conduite par des chercheurs, a montré l’an dernier que c’était la méthode la plus fiable. Les chiffres donnés au public sont d’ailleurs surévalués de 10%, pour compenser les erreurs. Et pour contrer les polémiques, depuis 2009, un recomptage a lieu, les jours suivants, à partir des vidéos du cortège. Dans 95% des cas, ils donnent un résultat encore inférieur à l’estimation de la police.