L'agriculture menacée de faillite et Téhéran accuse Ryad de "bloquer le chemin" vers La Mecque : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Notre agriculture est-elle en faillite ?

Après le lait, la viande ! Les éleveurs bovin sont confrontés à la chute des prix et plus d'un quart pourrait mettre la clé sous la porte.
Les céréaliers également connaissent leur plus mauvaise année depuis 30 ans.

Qu'est ce qui se passe ? Notre agriculture n'est plus compétitive ?

Non car que ce soit, le lait ou la viande, on est en dessous des coûts de production. Dans le cas, du boeuf, c'est lié car comme on produit trop de lait, les éleveurs envoient leurs vaches à l'abattoir. D'où une afflux subit de viande rouge, de viande de bœuf dans les étals et ce alors que les Français en mangent de moins en moins.
L'agriculture française, qui en volume, est la première d'Europe, est de moins en moins compétitive. D'ailleurs, à l'exportation, nous sommes passés, derrière les Allemands et les Hollandais.

Que s'est-il passé ? Notre modèle agricole était basé sur de petites exploitations.
A la fois, dans un soucis de qualité mais aussi d'aménagement du territoire. Il fallait maintenir une activité en Auvergne par exemple.
Et cette micro-agriculture ne fait pas le poids face aux "fermes usines", qu'on voit aux Pays-Bas ou en Allemagne qui sont plus compétitives et avec des coûts plus serrés. Dans les abattoirs allemands, par exemple, on trouve des Roumains, payés cinq euros de l'heure.

Quelle est la solution ?

C'est de valoriser la production française par rapport à ces fermes usines où la qualité n'est pas toujours au rendez-vous.
C’est plus facile à dire qu'à faire mais, le modèle, c'est la viticulture. Le vin où vous avez de petits domaines (Bourgogne, Beaujolais, Champagne) mais qui ont une renommée mondiale, ce qui leur permet d'échapper à la dictature du prix bas.

 

 

Sophie Larmoyer, experte international

La guerre des mots atteint des sommets entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Dernière accusation en date, hier : celle du guide suprême iranien Ali Khamenei, qui a qualifié la famille royale saoudienne de "descendance maudite et maléfique " qui "ne méritait pas de gérer les lieux saints " de l'islam. La rivalité entre les deux puissances régionales a rarement été aussi virulente.

Depuis quelques jours en particulier, on s’insulte de part et d’autre.
Le grand mufti saoudien accuse les Iraniens de "ne pas être des musulmans ". Les politiques iraniens répliquent en dénonçant le "régime terroriste " de Riyad, "qu’il faut punir pour ses crimes ".

Mais pourquoi la tension monte-t-elle si fort maintenant ?

Parce que les Iraniens sont exclus du pèlerinage à la Mecque, qui commence samedi, le "hadj ", qui est l’un des cinq piliers de l’Islam. C’est la première fois depuis 25 ans qu’ils n’y participeront pas. Voici pourquoi…
Vous vous rappelez sans doute, il y a un an, la gigantesque bousculade qui avait eu lieu pendant le pèlerinage. Près de 2300 personnes étaient mortes, dont 450 Iraniens. Téhéran avait accusé Riyad d’être incompétent et responsables. Alors au printemps, ils ont discuté des conditions posées par les uns, les autres, pour que les Iraniens puissent participer au hadj et ils n’ont pas trouvé d’accord, chacun rejette la faute sur l’autre évidemment.

Mais cette crise, c’est un stigmate de plus de l’affrontement permanent des deux pays.

Absolument, il faut se rappeler que l’Arabie Saoudite est le leader du courant majoritaire de l’Islam, le courant sunnite et que l’Iran est leader du courant chiite, minoritaire dans le monde musulman.
Alors ce sont des différences théologiques, qui remontent très loin, à la succession du Prophète. Mais aujourd’hui, il faut bien comprendre qu’à travers ces courants c’est une lutte géopolitique qui se joue, une lutte d’influence.

C’est "Celui qui pèse plus que l’autre qui domine " ?

Exactement, et on les retrouve face à face dans tous les conflits de la région. Parfois par un engagement direct : par exemple les bombardements des Saoudiens au Yémen, pour contrer des insurgés chiites. En Syrie, les Iraniens sont aux côtés de Bachar el-Assad. Et puis parfois, les deux pays sont engagées par procuration : via le mouvement chiite Hezbollah au Liban par exemple, en Irak aussi. On joue de son influence avec des pétrodollars, avec de l’armement.
Bref, sur toutes les crises régionales, vous retrouvez cet antagonisme, un jeu de pouvoir. Ce qui rend la recherche de solutions encore plus compliquée, quand vous voyez la virulence de leur haine réciproque.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Retour sur le plan de formation de 500.000 chômeurs promis par François Hollande.

Un plan dont le gouvernement attend énormément pour faire baisser le chômage et dont on va beaucoup débattre pendant la campagne. Pour certains, ce n’est qu’un artifice qui permettra surtout de maquiller les chiffres de l’emploi en sortant les stagiaires de la statistique. Mais pour d’autres, c’est une chance réelle de remettre des chômeurs sur les rails. C’est ce que pense Laurent berger, le secrétaire général de la CFDT qui avait soutenu ce plan et qui est en campagne lui aussi pour les élections professionnelles. C’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’il voudrait que ça aille vite.

"La formation des demandeurs d'emploi, il y a le fameux plan 500.000 qui est à peu près à moitié aujourd'hui"

Le plan de formation de 500.000 chômeurs en est à la moitié, c’est vrai ou c’est faux ?

On n’y est pas encore. Même si les choses se mettent en place, on est loin d’avoir atteint l’objectif qui est d’ajouter 500.000 formations de plus que l’année dernière. Or fin juin 2015, selon le ministère du Travail, 320 000 chômeurs étaient en formation. Cette année, ils sont 410,.000. Pour être à la moitié du plan, il faudrait qu’il y en ait 28% de plus donc on n’y est pas encore. Mais, on s’approche, et les efforts d’inscription vont vraiment se révéler dans les prochaines semaines, fin septembre ou début octobre. Selon les remontées que l’on a des régions, les centres de formation font le plein, c’est vrai. Les inscriptions s’envolent en Bretagne de 40%, de 56% en Aquitaine également. Un peu partout en France, l’activité d’un des principaux organismes de formations comme l’Afpa a bondit de 20%. Il faut dire que Pôle Emploi n’a pas ménagé ses efforts pour recruter des chômeurs.

Avec cette note interne envoyée aux cadres de Pôle Emploi pour qu’ils fassent pression sur eux.

Une note révélée cet été par le canard enchaîné, qui a beaucoup fait parler. On leur demande en gros de trouver candidats à tout prix, cela ne veut pas forcément dire que ces formations ne seront pas de qualité. Parce que la nouveauté du plan, c’est de faire travailler Pôle Emploi avec les régions, les entreprises et tous les acteurs locaux. Pour que les formations soit vraiment utiles, il faut améliorer le taux de retour durable à l’emploi qui est faible quand Pôle Emploi s’occupe seul, des formations. On verra ce que ça donne, le gouvernement s’est beaucoup payé de mots. On a parlé de révolution numérique ou encore de former à ces métiers qui n’existent pas encore. Ce n’est pas le cas pour l’instant car le gros des formations est dans l’aide aux familles, la restauration, l’hôtellerie, et sur des périodes courtes, deux mois à deux mois et demi.