Élections législatives en Russie, la loi Sapin 2 et la survie des compagnies d’assurance : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

Sophie Larmoyer, experte international

Les Russes votent dimanche, pour renouveler les 450 députés de la Douma. Il a beau y avoir, sur le papier, 6.500 candidats et 14 partis, voilà une élection avec bien peu de suspense et d’enjeu.

Oui, au point que Vladimir Poutine a fait une petite apparition surprise, hier, à la télévision, pour dire aux Russes "je vous demande d’aller voter…, c’est un devoir civique".
On peut vous dire, ce matin, qui va gagner, c’est le parti de Poutine, Russie Unie, qui devrait renforcer sa domination du parlement.
Mais l’abstention risque d’être importante, ce qui montrerait les fissures qui traversent la société russe aujourd’hui.

Pourquoi si peu d’enthousiasme pour ces élections ?

Un sondage du seul centre indépendant d’études sociologiques, Levada, montre que 43% des Russes ignoraient même qu’il y avait une campagne électorale.
D’abord parce qu’il y a très peu d’opposition.
Cet institut de sondage par exemple, Levada, réputé pour son sérieux, a suspendu ses activités depuis 10 jours, réduit au silence par une décision de justice l’ayant enregistré comme "agent de l’étranger". Dans la même veine, fin juillet, un tribunal a ordonné la dissolution de Golos, une organisation de défense des électeurs qui est un véritable poil-à-gratter pour le Kremlin, surveillant chaque scrutin. C’est notamment cette ONG qui avait dénoncé les fraudes aux précédentes législatives, ce qui avait alors provoqué d’énormes manifestations, pendant des mois. D’ailleurs après ces manif, des militants avaient été condamnés pour participation à des "troubles massifs", parfois jusqu’à 3,5 ans de prison ferme. Ce qui a sûrement dissuadé certains de se mobiliser cette fois-ci. Et puis le peu d’opposition qui reste se présente en ordre dispersé.

Ça signifie que Vladimir Poutine va consolider son pouvoir, et ça malgré une économie en berne.

Et même en récession à cause des sanctions économiques imposées suite à la crise ukrainienne et surtout à cause de la chute des prix du pétrole et du gaz.
Et c’est vrai que le taux de pauvreté est retombé à des niveaux d’il y a 10 ans, les prix se sont envolés, les salaires ont baissé, et le quotidien est très dur pour beaucoup de Russe. Ça devrait affecter la popularité du parti de pouvoir, Russie Unie, mais pas celle de Vladimir Poutine qui continue à recueillir 80% d’édhésion.
Tout ça mis bout à bout, vous comprenez que dimanche, dans les isoloirs, les Russes n’auront pas un choix très folichonCe sera le principal enjeu de ces élections : mesurer le degré de désintérêt et de lassitude des Russes.

Ce sont un peu des élections fantômes !

 

Axel de Tarlé, expert économie

C'est une "bombe" qui est passée inaperçue dans le projet de loi "Sapin 2", actuellement en négociation au Parlement.

Le gouvernement pourrait, autoritairement, suspendre le remboursement de votre assurance-vie, en cas de forte remontée des taux d'intérêts.
On rappelle que 14 millions de Français ont une assurance-vie.

L’assurance-vie est le placement, préféré des Français parce que considéré comme sûr et sans risque mais ce n’est plus tout à fait vrai avec ce projet de loi.

Que se passe-t-il ?

Aujourd'hui, avec la baisse des taux, l'assurance vie rapporte très peu soit environ 2% et elle se saigne pour verser ces 2%. Vue l'inertie de ce placement, ce sera le cas pendant longtemps puisque l'assurance vie est durablement plombée.
Or, imaginons que demain les taux remontent brutalement à 4 ou 5 %, vous allez immédiatement vouloir profiter de ces taux très attractifs à 5% par an et donc revendre votre assurance-vie qui, elle, ne rapporte que 2% par an.

Sauf que tout le monde va vouloir faire la même chose et que les sommes sont considérables.
L'assurance vie, c'est 1.300 milliards d'euros soit le PIB de l'Espagne. De quoi provoquer une panique financière et des faillites de compagnie d'assurance, si elles doivent toutes rembourser en même temps 1.300 milliards d'euros.
Cette menace, en tous les cas, est prise suffisement au sérieux pour que le gouvernement inscrive dans cette loi "Sapin 2", un article qui l'autorise à suspendre le remboursement de l'assurance vie en cas de forte remontée des taux.

Mais l’arme est à double tranchant :
- D'un côté, on peut se dire que c'est bien car le gouvernement pense à tout. Il est là pour éviter la faillite de nos compagnies d'assurance.
- D'un autre côté, avec cet amendement, le gouvernement reconnait que l'assurance-vie n'est pas un placement aussi sûr que l'on croit et qu'il est possible, que votre argent soit bloquée. Ce qui pourrait susciter une vague de défiance à l'égard de ce produit.

Mais l'État a le droit, comme ça, de confisquer notre patrimoine ?

Justement, cet article pourrait être censuré par le Conseil Constitutionnel, car portant atteinte au droit de propriété.

 

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, était hier soir l’invité de la nouvelle émission politique de France 2. 2h30 de direct, c’est très long, ce qui explique peut-être que le candidat ait cafouillé sur les demandes d’asile.

Nicolas Sarkozy : “Les demandes d’asile sont refusées à 85%”

85% des demandes d’asile sont rejetées, c'est vrai ou c'est faux ?

Ça a été vrai en 2012, l’année où Nicolas Sarkozy a quitté le pouvoir. À l’époque, en effet, 16% seulement des demandes d’asiles étaient acceptées mais les réfugiés venaient alors de Russie, du Sri Lanka ou de Turquie, peu de pays ravagés par la guerre. Depuis évidemment la situation a changé. En 2015, de nombreux demandeurs d’asile sont venu du Soudan ou de Syrie, il est donc impossible de les renvoyer chez eux. Le taux d’acceptation a par conséquent fortement augmenté à 24% et cette année la tendance s’est encore accentuée.
Selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, le taux de protection atteint 36% sur les huit premiers mois de l’année. Plus d’un demandeur sur trois obtient donc l’asile, on est très loin des 15% évoqués par monsieur Sarkozy.

Ce sont les mêmes proportions à Calais ?

Non à Calais le taux est encore plus important, 70% de ceux qui ont demandé l’asile à Calais l’ont obtenu et c’est compréhensible puisque ce sont des soudanais, des Erythréen ou des Afghans qui ont fui parce qu’ils risquaient la mort. En revanche, ils ne représentent qu’une partie des habitants de la jungle qui souvent ne font pas la démarche de demander cette protection. C’est en train de changer, selon le ministère de l’intérieur. Là où Nicolas Sarkozy a raison, c’est que les déboutés du droit d’asile restent le plus souvent, sur le territoire français. Quatre à 10% seulement, selon les sources, seraient expulsés ou rentreraient chez eux de façon volontaire.