Christian Estrosi rompt les négociations avec la SNCF et le Portugais Antonio Guterres va devenir le nouveau secrétaire général des Nations unies : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

C'est une révolution dans le Rail, la région Provence Alpes Cote d'Azur annonce qu'elle veut mettre fin au monopole de la SNCF et ouvrir ses lignes de chemin de fer à la concurrence, à des trains privés.

C'est une première en France.

Pour l'instant, tous les trains qui roulent en France à quelques exceptions près sont tous des trains SNCF.
La région PACA annonce qu'elle met fin à ce monopole conformément aux nouvelles règles européennes. À partir de 2019, et même avant si la loi le permet, la ligne Marseille-Nice sera la première ligne ouverte à la concurrence avec des trains privés, ou des trains exploités en régie.

Pourquoi vouloir ainsi arrêter avec la SNCF ?

Christian Estrosi, président de la région qui est la manœuvre, dénonce les grèves et les retards à répétition. 20 % des trains sont en retard chaque jours en Paca, dit-il, et 10 % sont annulés. Le pire, c'est que la facture ne cesse d'augmenter.

Est-ce que ce sera vraiment mieux avec le Privé ?

On se souvient du fiasco de la libéralisation du rail en Grande Bretagne, dans les années 90 mais ça c'était au tout début, maintenant, il y a des pénalités en cas de retard, ou de manque de propriété. Et croyez, moi les trains anglais sont nickel, et à l'heure.
Et puis, on a l'exemple allemand. l'arrivée de la concurrence sur les trains régionaux a été une réussite totale. On a constaté une augmentation de 30 % de la fréquentation. Du coup, cela a réveillé le rail car plus de train c'est également et plus de recettes et forcément moins de subvention. Le coût pour la collectivité a chuté de 20 % avec la concurrence. Alors qu'en France ça ne cesse d'augmenter.
Aujourd'hui, quand vous achetez un billet 25 euros. La région, elle, verse en plus 75 euros de subvention.

Donc, la SNCF a du soucis à se faire ?

Oui, si vous regardez dans le Transport de marchandise par exemple, qui a été ouvert à la concurrence, la SNCF a perdu un quart du marché.
Donc, la même chose devrait arriver avec les TER régionaux. Évidemment, d'autres régions vont suivre.

 

Sophie Larmoyer, experte international

On connait le nom du futur secrétaire général de l’Onu, qui succèdera à Ban Ki Moon le 1er janvier prochain. Le Conseil de sécurité semble s’être mis d’accord hier, ce sera le portugais Antonio Guterres.

Oui après plusieurs votes à blanc, des votes indicatifs, les 15 membres du Conseil de sécurité devraient confirmer ce choix aujourd’hui avec un vote formel.

Ils étaient 10 candidats. Pourquoi Antonio Guterres, il a le meilleur programme pour faire le job ?

Il a surtout le meilleur profil. Antonio Guterres, c’est un ancien premier ministre socialiste du Portugal, parfaitement francophone. Et c’est un homme qui connait par cœur la machine de l’Onu et ses rouages pour avoir été Haut-Commissaire aux réfugiés pendant 10 ans, jusqu’à la fin de l’année dernière. À ce poste, il a acquis une expérience précieuse de gestion de crise et une vraie réputation, à la fois de bon manager et de fin politique.

Pourquoi bon manager ? Et ça compte à la tête de l’ONU ?

Ça compte, oui, quand on est à la tête d’une administration de plus de 40.000 personnes et bon manager parce qu’au HCR, Guterres a mené une réforme importante, une cure d’amaigrissement des frais de fonctionnement : un tiers de personnel en moins mais ça a permis aux équipes d’être plus réactives, sur le terrain, sur les points chauds. Tout cela en triplant le budget de l’organisation en 10 ans.

Plus d’efficacité, donc. Par ailleurs, secrétaire général de l’ONU, c’est d’abord un poste très politique ?

C’est vrai que le patron de l’ONU doit impulser une vision et faire preuve de leadership. C’est ce qui a manqué au très effacé Ban Ki Moon, dont certains disaient qu’il avait érigé en principe l’invisibilité.
Et là encore, Antonio Guterres est précédé d’une bonne réputation. Il connait parfaitement les crises qui agitent aujourd’hui ce monde qui n’a jamais connu autant de réfugiés, de personnes déplacées.
C’est un très bon orateur, reconnu pour ses capacités de dialogue mais qui sait aussi mettre les pieds dans le plat. Ces dernières années, il a souvent dénoncé les blocages politiques et l'impuissance des dirigeants du monde à ramener la paix et la sécurité. Il a dit un jour qu’il avait fait sa maxime d’une phrase de Jean Monnet : "ni optimiste ni pessimiste, mais déterminé !". Et de la détermination, il va lui en falloir face à la paralysie qui saisit parfois l’ONU, comme en ce moment avec la crise syrienne, dans un contexte de grande tension entre Russes et Américains.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec les comptes de Nicolas Sarkozy ce matin.

L’ancien président, plombé par l’affaire Bygmalion, tente de se libérer de cette polémique sur le dépassement de ses comptes de campagne en 2012 en martelant une idée choc :

Nicolas Sarkozy : « "Quant aux dépassements de mes comptes de campagne, je suis le seul candidat dans l'histoire de la République qui n'aura pas coûté un centime aux contribuables puisque je n'ai pas été remboursé"

Nicolas Sarkozy n’a rien coûté aux contribuables, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est complètement faux, il leur a même coûté plusieurs millions d’Euros, voici pourquoi.
D’abord, comme tous les candidats qui font plus de 5% aux élections, Nicolas Sarkozy a pu se faire rembourser de ce que l’on appelle des frais de propagandes. Ce sont les professions de fois, les bulletins de votes que vous recevez dans votre boîte aux lettres ou encore les affiches qui sont placardées au fronton des mairies pour annoncer des réunions. Il y en a des centaines de milliers, cela coûte une fortune et l’État les prend intégralement en charge, c’est la règle au titre de l’article R39, du code électoral. Monsieur Sarkozy s’est donc fait rembourser, selon nos informations, 5,5 millions d’euros, qui viennent directement de la poche du contribuable.

5,5 millions, ce n’est pas zéro.

Et ce n’est pas tout. Dans ses comptes de campagne, avant qu’ils soient rétoqués, Nicolas Sarkozy faisait apparaître près de six millions de dons de particuliers, des électeurs lambda qui ont soutenu sa campagne et qui ont pu défiscaliser leur contribution, c’est la règle, à hauteur de 66% des sommes versées. Si ce n’est pas une dépense, c’est un manque à gagner important pour le contribuable puisque, comme ses comptes de campagne ont été dépasser et qu’il n’a pas été remboursé de la moitié de ses dépenses, Nicolas Sarkozy a dû organiser le sarkothon. 11 millions d’euros ont été récolés, eux aussi défiscalisés. Donc même si tous ses donateurs n’étaient pas imposables, on peut tout de même estimer que quelques millions, sur les 17 récoltés, ont échappé au fisc. On est donc loin du zéro centime.

Et ce n’est pas fini ?

Eh non, parce qu’il y a encore les dépenses de l’UMP. Dans le cadre d’une campagne, certaines sont remboursées par le candidat mais d’autres, le parti les paie définitivement. Le meeting de Villepinte, par exemple, qui a coûté si cher, l’UMP a réglé 20% de la facture. 6,5 millions de dépenses de campagne apparaissent dans ses comptes or l’UMP en 2012, tirait plus de la moitié de ses recettes de financement public. Donc vous le voyez, même sans s’aventurer sur le terrain glissant de l’affaire bygmalion, ces millions que l’UMP aurait payés en plus, on peut l’affirmer : oui, les contribuables ont payé, moins que prévu, mais ils ont payé, pour la campagne de Monsieur Sarkozy.