Airbus dans la tourmente et le recul de trois épidémies majeures : les Experts d’Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé - Airbus dans la tourmente

Que se passet-il chez Airbus ? On parle de restructurations, voire de suppression d'emplois. Pourtant, on nous expliquait qu'Airbus croulait sous les commandes, et avait même du mal à livrer !

Tout ne va pas bien. Trois pépins principaux pour l'avionneur français.

Premier problème, l'A380, l'avion le plus gros du monde. Un avion qui se vend tellement mal qu'Airbus doit réduire la production à un seul appareil par mois contre deux auparavant. Cet avion est trop gros. Aujourd'hui, ce qui marche, ce sont les petits avions qui font du point à point. Du Lyon-Munich, Bordeaux-Madrid ou Paris-San Francisco. Sans passer par les gros "hub" où et il vous faut prendre un avion en correspondance.

Deuxième soucis d'Airbus : les hélicoptères, qui se vendaient jusqu'à présent beaucoup aux compagnies pétrolières pour les plateforme en mer. Or, les compagnies pétrolières avec la chute des cours du pétrole ont taillé dans leurs investissements et n'achètent plus d'hélicoptère

Dernier point : l'A400M, un avion militaire pour transporter les troupes. C'est un avion tellement compliqué qu'Airbus a des problèmes de mise en service, sur ses moteurs notamment.

Tout ça justifie de supprimer des emplois ?

Non, mais Airbus s'appuie sur ces difficultés pour réaliser une grande restructuration, un grand coup de balais, et casser les "baronnies" issues du passé. Aujourd'hui Airbus c'est trois divisions qui ne se parlent pas : aéronautique civile, les avions de ligne (70 % des activités du groupe) et la branche hélicoptère et enfin la branche Militaire et Spatiale (la fusée Ariane).

Cette division, c'est fini. Tom Enders, le PDG veut unifier ces trois branches. Ce qui veut dire aussi supprimer les doublons. Donc oui, avec potentiellement à la clé des suppressions d'emplois.

D'ailleurs on apprend ce matin que le français Fabrice Bregier - actuellement patron de la branche aéronautique civile - doit être promu  "Directeur des Opérations de l'ensemble du groupe Airbus, couvrant donc les trois branches (civil, militaire et hélicoptères).

 

Sophie Larmoyer - Le Sida, la tuberculose et le paludisme perdent du terrain !

C’est l’un des sujets qui sera abordé aujourd’hui par les dirigeants du monde réunis à l’Onu : la lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Trois épidémies qui reculent, grâce à une action concertée et pour une fois que quelque-chose marche, on aurait tort de ne pas le souligner. Ces 15 dernières années, le nombre de décès dus au paludisme a baissé de 60 %. Le nombre de victimes de tuberculose a lui diminué de presque de moitié. Quant au Sida le nombre de personnes sous traitement anti-VIH a considérablement augmenté : elles sont 17 millions aujourd’hui. Il reste beaucoup à faire mais l’évolution va dans le bon sens et elle est considérable.

Qu’est ce qui explique ces progrès ?

La méthode mise en œuvre depuis 15 ans. C’est Kofi Annan, à la tête de l’Onu à l’époque, qui donne l’impulsion. Il faut constituer un "trésor de guerre" dit-il, pour combattre ces épidémies dévastatrices. Et en 2002 nait le Fond Mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme.

Pourquoi ça marche, quelle est l’originalité de cette méthode ?

Ça marche parce que tout le monde travaille ensemble : les politiques, les ONG, le secteur privé (comme les fondations par exemple) et les malades. Leurs efforts sont coordonnés, de la collecte de fonds à la distribution de traitement. Tout ça avec les gouvernements, notamment des ceux de pays pauvres, qu’on aide à bâtir des systèmes de santé pérennes, qui vont pouvoir assurer le suivi. Alors sur le terrain, concrètement, ça va par exemple, de la formation des vieux sages du village pour faire de la prévention, à la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides (ils en ont diffusé 659 millions !). Cela peut être encore l’amélioration du diagnostic. C’est la combinaison de ces actions et le travail coordonné de tous les acteurs qui explique que ça marche.

Le week-end dernier, le Fond mondial était réuni au Canada pour renflouer les caisses. Il a réussi à boucler son financement jusqu’en 2019.

Oui, malgré la conjoncture personne ne brise ce cercle vertueux, et près de 13 milliards de dollars ont été collectés ! C’est un record. Les États-Unis financent pour 1/3 alors que la France est le troisième contributeur, avec un peu plus d’un milliard d’euros. A Montréal étaient aussi présents les philanthropes comme le chanteur Bono et son Ong "ONE", ou encore Bill Gates dont la Fondation a donné 600 millions de dollars. Il y a une vraie dynamique, même si ce combat-là est toujours fragile. L’Onu affiche un objectif ambitieux : éradiquer les trois épidémies d’ici 2030. C’est optimiste...

"Le plus important investissement de l’histoire dans un projet de santé mondial - Bono. "

Avec cet argent, les spécialistes du Fond Mondial estiment que 8 millions de vie supplémentaires seront sauvées et 300 millions de nouvelles infection évitées. On estime que plus de 20 millions de vies ont été sauvées depuis 15 ans. Le défi actuel est la résistance aux antibiotiques, ce qui devrait être discuté aujourd’hui par les dirigeants à New-York.

 

Géraldine Woessner - Le vrai-faux de l'info - Florian Philippot et le "nuage de pollution allemand".

Le vice-président du Front National n'est pas convaincu par les mesures punitives contre le diesel pour lutter contre la pollution, au motif que :

"Très souvent quand il y a des nuages de pollution qui viennent en France, en IDF et ailleurs, ça vient très souvent d'Allemagne parce que l'Allemagne produit massivement charbon - Florian Philippot "

Le charbon allemand, responsables de la pollution en France, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux. Ou plutôt c’est très exagéré, la pollution allemande s’exporte bien en France, mais pas du tout dans ces proportions. La pollution au-dessus de nos villes, elle est principalement locale. L’organisme AirParif l’a prouvé en se penchant sur l’origine des particules fines les plus dangereuses. En Île de France près de la moitié proviennent du trafic routier pour 44%, loin devant le chauffage et l’industrie. Bref le nuage noir qu’on voit au-dessus de nos tête, c’est surtout par nous, qu’il est produit. Mais c’est vrai, 39% de ces particules, qui peuvent voyager sur des centaines de kilomètres, proviennent d’autres régions, ou de l’étranger.

Est-ce qu'on sait dans quelles proportions ?

On a des pistes qui modèrent cette idée de l’Allemagne grande coupable. Quatre ONG ont pu retracer assez précisément la provenance de ces particules, en prenant les rapports d’émission de toutes les centrales à charbon en Europe, il y en a 280, et en les croisant avec les données météo de l’année 2013, vent, température, humidité, la topographie bien sûr. Voilà ce qu’on apprend.

D’abord, oui la pollution étrangère est bien responsable d’une partie des morts dues aux particules fines. On en recense 48 000 en France chaque année. Dans une faible proportion d’environ 3%. Et d'où viennent ces nuages étrangers ? D’Allemagne c’est vrai, mais pas seulement. Car les vents majoritaires, soufflent du Nord-Ouest, sur une partie de la France. On reçoit donc des nuages des centrales britanniques, d’Espagne, d’Italie et dans l’autre sens, de Pologne et de République Tchèque. La France, il faut le reconnaître, est très mal située. Le charbon allemand serait donc responsable de 490 décès en France, c'est beaucoup trop, et l'Allemagne est vraiment un mauvais élève en Europe, mais ce n'est pas la majorité.