Brice Hortefeux affirme qu'il y a 1.500 gardes pour surveiller 50.000 kilomètres de frontière.
Vrai-Faux : Bruxelles veut reprendre la main sur le contrôle des frontières.
Alors que le débat s’enlise sur la politique d’asile en Europe, La Commission appelle à un mini-sommet ce dimanche. Elle propose de tripler le budget consacré à la protection des frontières. Un impératif pour le député européen Brice Hortefeux.
"Frontex aujourd’hui n’a pas assez de moyens. L’Europe c’est 7.700 kilomètres de frontière terrestre, 42.500 kilomètres de frontière maritime. Il y a 1.500 garde-frontières qui en sont chargés".
1.500 gardes pour surveiller 50.000 kilomètres de frontières. Vrai ou Faux ?
C’est une ellipse qui peut induire en erreur : ces 1.500 gardes dont parle Brice Hortefeux sont en fait une réserve d’intervention rapide, que l’Europe peut déployer à tout moment sur un point sensible de ses frontières, en cas de crise. On l’a créée en 2016, et chaque pays y contribue (la France a désigné 170 agents.) Elle n’est pas mobilisée en ce moment, lais elle s’ajouterait aux effectifs propres de l’agence, 600 personnes, et aux forces déployées pour des missions conjointes : aujourd’hui, 1200 gardes-frontières travaillent, sous l’égide de Frontex, sur plusieurs théâtres différents. Et ils ne sont pas seuls : le contrôle des frontières reste une prérogative nationale. Dans toute l’Europe on compte environ 100.000 gardes-frontières.
Le problème, c’est que tous ne sont pas opérationnels, et la crise migratoire l'a montré : certaines frontières extérieures de l'union ont été abandonnées. La Grèce, par exemple, n'avait pas les moyens de surveiller ses milliers d’îles, ses 16.000 kilomètres de côtes. Le rôle de Frontex est de résoudre justement ces lacunes, en harmonisant les pratiques, en formant les personnels. C’est une tâche gigantesque, qui commence tout juste à payer : l’afflux de migrants a beaucoup baissé l'an dernier.
La Commission veut donc renforcer les moyens de l’agence.
Qui sont insuffisants, Brice Hortefeux a raison : le budget et les personnels de Frontex ont doublé depuis deux ans. Mais avec 320 millions par an (le budget prévu pour 2018), on ne peut pas aller loin, et les États rechignent, jusqu'à présent, à soutenir l'agence. Il sont censés, par exemple, lui fournir du matériel pour ses missions, mais aujourd’hui, il manque 67 navires de patrouille, 20 hélicoptères, 167 voitures, en mer méditerranée notamment. Chaque mois la liste est énorme. À noter d’ailleurs que la France ne contribue pas du tout à cet équipement.
La Commission veut faire de Frontex, qui est une force de soutient aujourd'hui, une vraie police aux frontières, avec 10.000 hommes, des capacités propres en matériel, des moyens également pour forcer les retours des déboutés du droit d'asile (l’agence a coordonné ou cofinancé 145 vols de retour depuis le début de l’année). C’est une manière de reconnaître que les frontières ont été mal gérées, et une réponse à ceux qui menacent de s'affranchir des accords de Schengen et de les fermer. Les États membres devraient donc sauter sur l'idée ce week-end. Avec un écueil : cela ne pourra pas les exonérer de faire eux aussi des efforts, pour mieux contrôler leurs frontières intérieures. La France, en la matière, ne donne pas vraiment l’exemple : seulement 10.120 agents surveillent nos 13 ports, neuf gares, 24 aéroports et 108 points de passage frontaliers. Les effectifs, depuis le début de la crise, ont peu évolué.