Les Français qui rentrent d'Irak ou de Syrie sont-ils systématiquement mis en détention ?

2:25
  • Copié

Jean-Marc Ayrault affirme que les Français qui rentrent d'Irak ou de Syrie sont systématiquement arrêtés et mis en détention.

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai Faux de l’Info avec Jean-Marc Ayrault sous le radar.

Le ministre des Affaires Étrangères qui a voulu rassurer hier,  jour anniversaire des attentats de novembre, alors que le combat contre l’État islamique fait rage à Mossoul, certains craignent le retour de combattants français.

Jean-Marc Ayrault : "La coopération entre pays fait qu'aujourd'hui le nombre de radicalisés qui veulent rejoindre les terrains de lutte de Daesh, en Syrie et en Irak, a très fortement diminué. Et ceux qui veulent rentrer sont systématiquement arrêtés et mis en détention".

Les Français qui rentrent d’Irak ou de Syrie sont systématiquement arrêtés et mis en détention, c’est vrai ou c’est faux ?

Alors, arrêtés, oui, ils le sont dès lors que l’on est au courant de leur retour. Ils sont placés en garde à vue pour 96 heures. Mais sont-ils systématiquement incarcérés ensuite, c’est beaucoup moins sûr. Et d’ailleurs, rien n’est clair dans la gestion de ces djihadistes de retour, dont on ignore précisément le nombre. 700 combattent sur place en ce moment, selon le Premier ministre, 200 seraient morts, et autant en transit dans des pays limitrophes. Mais combien sont rentrés ? Le 9 février dernier, devant le sénat, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, donnait un chiffre précis : 254, dont 74 avaient été écroués après leur garde a vue. Donc un taux d’emprisonnement de 30%, les autres faisaient seulement l’objet d’un suivi judiciaire.

Donc on est très loin de la mise en détention systématique. Est-ce que cela a changé ?

Écoutez, le parquet assure que oui, mais sans me donner de chiffres. Les hommes seraient placés en détention, presque dans tous les cas mais les femmes, pas toujours. Le plus ahurissant, c’est que les chiffres du ministère de l’Intérieur ne cessent de changer. La semaine dernière, Bernard Cazeneuve donnait un total de 203 Français rentrés des théâtres d’opération, une cinquantaine se sont donc perdus en cour de route.

Mais que dit le parquet de Paris ? C’est Paris qui centralise les affaires de terrorisme ?

Impossible d’avoir des précisions hier, il faut dire que c’était dimanche. Ces statistiques mélangent les personnes poursuivies pour être effectivement parties en Syrie, avec celles qui ont simplement souhaité le faire. Sur cet ensemble, le taux de placement en détention est de 60%. Ce n’est toujours pas systématique, même si l’ambiance s’est considérablement raffermie depuis les attentats de Nice et de Saint-Étienne du Rouvray. L’un des tueurs avait tenté par deux fois de se rendre en Syrie et il était placé sous contrôle judiciaire.

Mais les craintes, que font naître le retour éventuel des combattants français, ne cessent de s’accroitre. Combien pourront se mêler au flot de réfugiés ou parviendront à revenir avec de faux papiers ? La question aujourd’hui, angoisse tous les services.