La France, puissance agricole sur le déclin

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Michèle Alliot-Marie est un peu trop confiante sur la position de la France parmi les grandes puissances agroalimentaires.

Le Vrai-Faux de l’Info, avec vous, Géraldine Woessner, et la fibre agricole de Michèle Alliot-Marie.

La candidate à l’élection présidentielle veut défendre un secteur qu’elle connaît bien, dit-elle, l’agriculture : une force de la France. "L’agro-alimentaire est une défense de la France. Puisque nous sommes le premier ou le second exportateur en agroalimentaire", affirme-t-elle.

Nous sommes le premier ou le second exportateur en agroalimentaire. C’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux. La France en réalité, est à la sixième place et cela fait des années que nous sommes tombés du podium. Deuxième exportateur en 95, puis les Pays-Bas, l'Allemagne nous ont dépassés. Ont suivi le Brésil, la Chine l’an dernier. Notre part de marché n’a cessé de se réduire : elle était de 8,3% en 2000 au niveau mondial, inférieure à 5% aujourd’hui. Une baisse qui s’observe aussi en Europe, notre premier marché. Même si la france reste, dans l’Union, le premier producteur de produits agro-alimentaires. Ce qui est logique : c'est aussi nous qui avons le plus de terres agricoles.

Sixième exportateur mondial, deuxième européen. La France reste quand même une puissance agricole.

Oui, on exporte plus qu’on n'importe : l'excédent commercial a dépassé 9 milliards en 2015. Mais cet excédent, se réduit cette année selon les dernières données du gouvernement. Le marché des cosmétiques, il y a deux ans, a dépassé celui de l’agriculture. En clair, le déclin est lent, mais il est réel. Et ce sont souvent des niches, les alcools, les vins qui tirent ce marché, les céréales dans une moindre mesure. Les produits laitiers se maintiennent, mais les autres secteurs sont en difficulté. Le solde de la balance commerciale s’est réduit de 30% déjà depuis le début de l’année.

En même temps il y a eu une récolte terrible, la crise des prix du lait…

C'est vrai mais l'agriculture souffre aussi de problème structurels, et c’est ce que soulignait le conseil d’analyse économique l'an dernier : trop de petites structures, un coût du travail élevé par rapport à nos concurrents, un manque d’innovation frappant dans certains secteurs. Pendant que les exportations de la France ont stagné, celles de l’Allemagne ont cru deux fois plus vite et d’autres pays en Europe, l’Espagne, les Pays-bas, ont maintenu, eux, leurs parts de marché.