40% de l'argent de la formation est-elle orientée vers les salariés actifs ?

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Nathalie Kosciusko-Morizet affirme que plus de 40% de l'argent de la formation est orientée vers les salariés actifs.

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-faux de l’info avec Nathalie Kosciusko-Morizet, qui était l’invitée de la matinale hier, pour les Lundis de la primaire.

La candidate veut incarner l’esprit visionnaire, la modernité à droite et au centre. Pour cela, elle est prête à remettre certaines choses à plat comme la formation professionnelle notamment, qu’elle juge particulièrement inégalitaire.

Nathalie Kosciusko-Morizet : "La formation en France c'est 32 milliards. C'est mal orienté : plus de 40% qui vont vers les salariés actifs', vers les CSP+, les cadres et vers les grandes sociétés".

Plus de 40% de l’argent de la formation est orientée vers les salariés actifs, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est vrai et si l’on prend en compte les actifs fonctionnaires et les agents du publics, le chiffre est encore plus impressionnant puisque c’est plus de 60% de cette manne de 31,5 milliards d’euros qui est captée par des gens qui travaillent. 14% seulement allaient en 2013 aux demandeurs d’emplois. Pour le reste, 24% servent à rémunérer les stagiaires y compris d’ailleurs, les stagiaires de l’ENA. Cela semble anecdotique, mais 3,5 millions pour une seule promotion de 80 élèves, cela vous montre à quel point l’argent est curieusement réparti.

Madame Kosciusko-Morizet a raison, dans l’incroyable foutoir de ces dispositifs qui compte 70.000 organismes de formation et une cinquantaine d’autres qui collectent l’argent, ce sont les mieux lotis qui se taillent la part du lion. Soit les plus diplômés dans les grandes entreprises, 70% des ingénieurs cadres dans le privé avaient suivi une formation en 2011, contre 11% seulement des ouvriers des petites entreprises. Leurs formations étaient courtes, 28 heures en moyenne, il n’y a donc pas de quoi bouleverser un statut ou une fiche de paie.

Cela fait des années que l’on entend qu’il faut réformer le système. François Hollande l’a fait, il y a deux ans et cela n’a servi à rien ?

Si, quand même. La réforme de Michel Sapin a fait bouger les lignes, même sil est difficile de préciser de combien. Il faut trois ans à la Dares pour rassembler les données des entreprises, des départements et de ces dizaines de milliers d’organismes qui travaillent sur le sujet, résultat on n’a pas de bilan statistique, mais une tendance tout de même, et elle est positive. La réforme a créé un compte personnel de formation de 150 heures sur neuf ans, pour chaque individu. On sait qu’au 1er août, 500.000 formations avaient été financées, dont 75% visant des chômeurs. On peut considérer qu’en 2015-2016, ils auront capté 18, peut-être 20% de l’enveloppe globale de la formation mais cela reste à confirmer.

Pourquoi tout changer si ça s’améliore ?

Parce que la loi n’a pas réglé le problème de la structure du système. Il y a toujours un maquis d’acteurs, des organismes tampons gérés par les syndicats, qui collectent l’argent auprès des entreprises, et le redistribuent selon des critères opaques et en se servant au passage. Des centaines de millions se perdent en frais de fonctionnement et surtout le compte personnel de formation n’est pas assez financé. Hors, il faut de l’argent pour payer ces formations longues et diplômantes, des formations dont la réforme n’a pas non plus garanti la qualité.