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Jérôme Ivanitchenko revient sur la forme du débat.

Place au décryptage média de notre expert, Jérôme Ivanichtchenko. Hier soir, vous avez suivi le grand débat organisé par les chaînes info BFM TV et CNews. Un débat qui n’a pas forcément éclairé les électeurs.

Oui, c’est le moins qu’on puisse dire. Il régnait hier soir une certaine cacophonie.C’était un peu attendu, c’était l’écueil d’une telle confrontation entre tous les candidats qualifiés pour l’élection présidentielle.

Pourtant, tout avait été fait pour éviter ce brouhaha.Les règles étaient strictes. Le format des questions d’abord elles commençaient toutes par "comment". Un format qui invitait, en théorie, à formuler des réponses claires, concises des réponses limitées à 1 minute 30 pour chaque candidat. Mais il fallait de la discipline. Mis à part Jean-Luc Mélenchon tous ne l’ont pas respectée.

Libération a cette formule amusante, ce matin : on avait un peu l’impression de voir "une équipe de foot dans laquelle la quasi-totalité des joueurs voudraient jouer au poste d'attaquant".

Forcément, des déséquilibres se sont rapidement créés.Notamment autour du temps de parole et malgré la vigilance quasi obsessionnelle de Ruth Elkrief et Laurence Ferrari.Certains candidats s’en sont plaints, comme Benoît Hamon.

 

Les temps de parole, une équation impossible à résoudre avec autant de participants autour de la table. C’est la crainte de cette cacophonie qui avait conduit TF1 à organiser  avant la période d’égalité un débat sélectif entre les 5 principaux candidats. Hier soir, le challenge relevé par BFM TV et CNews était plutôt intéressant  il était noble, même d’une certaine façon. Mais on ne va pas se mentir, il n’a pas permis aux téléspectateurs de se déterminer sur le fond des programmes.

Finalement, fallait-il organiser ce débat à 11 ?

Paradoxalement, je vous répondrai que oui. Même s’il a rapidement montré ses limites qu’il était très imparfait sur de nombreux points, il a au moins eu le mérite d’exister  et de présenter l’ensemble des candidats sur un pied d’égalité  sur un même plateau  à armes égales. Ce n’est pas inutile  au moins une fois dans la campagne  de voir tous les candidats côte-à-côte. Les anciens locataires de l’Elysée ont souvent eu cette expression : pour devenir président, il faut  "habiter la fonction". Hier soir, chacun a pu apprécier les attitudes de chacun des candidats et se faire une idée plus juste des personnalités des uns et des autres soumis au même exercice. Un exercice qui se révèle finalement assez complémentaire dans cette campagne.

En revanche, reste la question de la légitimité de reproduire ce schéma une deuxième fois. Vous le savez, France 2 veut aussi monter une confrontation de ce type le 20 avril prochain 48 heures avant le premier tour. Certains, comme Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, y sont opposés. D’autres comme Nicolas Dupont-Aignan y sont favorables. Il a d’ailleurs tenu à le rappeler hier soir.

 

Cet appel du candidat de Debout la France ! est resté sans suite. Pas sûr que le bilan de ce premier débat ne pousse les candidats hésitants à changer d’avis.