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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Croissance en peine, dette publique qui atteint des records tout comme la dépense publique, sans compter le chômage... mais tout n'est pas négatif. Agnès Verdier-Molinié, de l'IFRAP, et Eric Heyer, de l'OFCE, dressent le bilan économique de la France pour l'année 2015.

L'économie française affiche une cascade de mauvais chiffres pour l'année 2015 : le PIB par habitant revient à son niveau de 2008, la dette publique qui n'a jamais été aussi haute (87% du PIB), la dépense publique atteint également des sommets, le chômage dépasse les 10% de la population. Ces chiffres font oublier qu'à une époque, il y a seulement 5 ou 6 ans, la France bénéficiait d'un triple A. Agnès Verdier-Molinié souligne  la pression fiscale qui se fait de plus en plus forte : 970 milliards de prélèvements obligatoires qui servent à financer la dépense publique. Cette année, le nombre d'agents publics a marqué un record avec 5.6 millions d'agents. Certes la croissance est positive mais elle reste très faible avec 1.1%. Les Français partagent ce sentiment, ils sont 80% à estimer que l'économie de leur pays est médiocre, leur première préoccupation restant le chômage.

Eric Heyer de l'OFCE partage cette vision pessimiste mais il rappelle que l'année 2015 est celle de l'accélération de la croissance économique restée nulle entre 2012 et 2014. Par ailleurs, la balance courante est à l'équilibre, ce qui signifie que la France importe autant qu'elle exporte. Selon la Banque de France, les trois derniers mois seraient même positifs. Rappelons que la seule zone en récession en 2013-2014 était l'Europe. Selon l'économiste, les Européens se sont trompés de combat en menant une politique de rigueur catastrophique. Elle s'est obligée à respecter l'équilibre de la balance commerciale qui est extrêmement excédentaire ce qui amène trop de compétitivité. Il faudrait une politique de relance commune pour éviter que chaque pays ne développe sa politique économique contre les autres. C'est le cas des Etats-Unis ou de l'Angleterre qui apportent moins d'importance à leur dette publique pour se focaliser sur l'emploi.

Agnès Verdier-Molinié revient sur le chômage, premier fléau de la crise économique car la croissance actuelle, même positive, ne suffit pas à créer des emplois. Lors de ses vœux, le Président de la République a décrété l’état d'urgence économique. Pour lutter contre le chômage, il met en avant la formation et l'apprentissage, des remèdes qui sont loin d'être nouveaux. Les TPE et les PME créent de l'emploi, mais dans le même temps, on leur impose de fortes contraintes comme le compte pénibilité, ou la complémentaire santé obligatoire. Eric Heyer souligne cependant le fait que les impôts ont baissé de 40 milliards pour les entreprises. Même si un écart conséquent existe toujours avec les entreprises d'Allemagne ou de Grande-Bretagne.

Pour Eric Heyer, l'homme de l'année économique est une femme : Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale des Etats-Unis qui a renoncé à durcir l'économie estimant que la relance n'était pas encore assez ferme. Agnès Verdier-Molinié, quant à elle, veut rendre hommage aux entrepreneurs.