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La presse rend un hommage unanime au policier tué jeudi soir, lors de l'attaque terroriste des Champs-Elysées.

Bonjour Thomas, bonjour Julie et bonjour à tous

Ce matin en Une de vos journaux, il y a d’abord un hommage : celui fait à Xavier Jugelé, mort dans l’exercice de ses fonctions : Paris Normandie : La police pleure l’un des siens. Le Télégramme : La France unie dans l’émotion. La Nouvelle République : un hommage national sur fond de campagne. Parce qu’elle est partout. Society résume son choix : Marche ou crève. L’Express fête Emmanuel Macron : Il a gagné… son pari. Le roman photo de la presque victoire, c’est dans Paris Match. Et tout le monde se prépare à l’étape d’après : Le Figaro : Comment Macron cherche des soutiens à droite. Les Echos : Soutien à Macron : le dilemme à droite.

Duel

Il faut mobiliser. Le Parisien, par exemple, s’interroge sur Marine Le Pen : Une candidate normale ? Réponse dans l’encadré sur le président par intérim du FN, mis en examen dans les affaires financières du parti et qui déclarait en 2005 se poser un certain nombre de questions au sujet de l’utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz. Mais Libération s’inquiète : Eh Manu, tu redescends ? Allusion au célèbre sketch des Inconnus. "C'est le rôle naturel d'un journal que de tirer le signal d'alarme, écrit Laurent Joffrin. D'où cette une inquiète. Soyons francs : l'incroyable boulette symbolique de dimanche soir, quand le premier du premier tour s'est déjà vu gagnant du second, a semé le doute. Non sur la nécessité de voter Emmanuel Macron. A l'électeur qui ne voit pas en lui le président de ses rêves, il faut répéter qu'il s'agit d'abord d'éviter un cauchemar. La vraie question est celle-ci : talentueux en diable mais novice, sûr de lui mais quelque peu narcissique, Macron sera-t-il le porte-parole, non des bobos et des start-upers, mais de la République ?" Il y a plus urgent : les grandes manœuvres pour les législatives. On tend des mains. Bon, celle de Manuel Valls ne trouve pas preneur. Heureusement, dans Libération, François Hollande vient à la rescousse. Il explique qu’il faut faire preuve de gravité, qu’il ne fallait pas accepter de débattre avec Marine Le Pen et que les candidats socialistes doivent partir aux législatives « sous leur propre couleur en disant qu’ils sont prêts à gouverner : la preuve, ils viennent de gouverner pendant cinq ans. » Le problème, c’est que les Français s’en souviennent.

Les sans-nous

Il y a la Une de L’Humanité : le vote anti Le Pen sans chèque en blanc à Macron. Souvenir du ralliement sans condition à François Hollande en 2012. Mais l’Opinion s’intéresse aux autres avec ce titre : La tentation du sans-nous. Ceux qui, par stratégie, dégoût ou désintérêt pourraient bouder le second tour. Il en est un qui théorise cette position. Michel Onfray, sur le site Figarovox, fustige "cette étrange perversion qui consiste à nourrir le monstre Le Pen qu’on prétend combattre". Perversion de ceux qui tapent sur elle mais épargnent ce qui la rend possible parce qu’ils font très exactement partie de ce qui la rend possible. Il cite pêle-mêle François Mitterrand et son tournant libéral en 1983, les socialistes qui l’ont avalisée et voté oui à Maastricht en laissant les pleins pouvoirs au marché, Terra Nova qui a théorisé l’abandon du prolétariat, la gauche caviar et la droite cassoulet, qui ont trahi le vote de 2005, les va-t’en guerre qui ont détruit des Etats laïques musulmans comme l’Irak et la Syrie. Les élections sont une sorte de feuilleton de téléréalité, une diversion mise en place par le capital. "Le lundi, c’est jour de reprise et rien n’a changé."

Chômage des seniors

C’est une note confidentielle du gouvernement citée par Aujourd’hui en France : elle affirme que l’augmentation du chômage des plus de 50 ans serait cause de la moitié des 500 000 chômeurs supplémentaires du quinquennat. Et son origine ? La décision du gouvernement Sarkozy d’en finir avec les dispenses de recherches d’emploi pour les plus de 55 ans. Quelle idée de comptabiliser les chômeurs, aussi !

Se forger un mental de gagnant

Aujourd’hui en France nous apprend qu’il existe des rencontres de la niaque. Si le mot vous parait ringard, c’est parce qu’il a été popularisé dans les années 1990 mais il vient de l’occitan. Gnac signifie couper avec les dents. Et donc, la niaque serait un mélange de motivation, de cran et d’endurance et d’inévitables psychologues nous expliquent comment il faut s’y prendre pour l’avoir. Il faut se bouger, il faut positiver. Face à un ado scotché devant son ordinateur au lieu de réviser, on ne dit pas « tu es un vrai mollusque », on le stimule en lui donnant un objectif : "Invite donc tes copains ce week-end". Je sais, vous avez l’impression que cet article se fiche de vous. Mais non, positiver, s'engager, c’est beau, c’est jeune, et ça marche.

 

Cela dit, on a beau avoir la niaque, on peut se planter. Le Figaro nous apprend que la Suède ouvrira bientôt un musée de l’échec. Un hommage aux plus grands bides commerciaux comme les lasagnes surgelées Colgate, le jeu de plateau inventé par Donald Trump en 1989, Trump the game, ou le Newton d’Apple, premier assistant personnel laborieux et trop cher mais ancêtre de l’i-phone. Parce que la morale du musée, c’est que les échecs sont formateurs et peuvent déboucher sur d’immenses réussites. Toujours la niaque. Ça vient de là, l’optimisme de François Hollande.